Elle a marché, trottiné puis a finit par courir malhabilement avec les chaussures trop grandes. La fontaine ! Elle doit retrouver la fontaine, là, maintenant ! Car là, il y aura tout le monde, là, on pourra tout oublier et rire à nouveau. Alors, Lou avance et vite. Un détour de maison, une ruelle, elle passe sans s'arrêter, s'efforçant d'oublier le martellement douloureux de son corps entier. Et enfin, la fontaine !

« Hey, tout l'm... » Non. Non, personne. Ses oreilles s'agitent d'indignation. Sa queue frétille de colère. « QueWah ?! »

Le rouge lui monte aux joues, qu'elle gonfle, elle tape du pied.

« Non, non, non ! On devait se retrouver ici ! » Elle tourne sur elle même, serre les dents, les poings. Elle se sent paniquée, autant qu'elle se sent en colère, qu'elle a envie d'être égoïste, qu'elle a l'impression qu'elle a le droit, aussi  tout avoir. Avoir tout le monde. « BISCUIIIIIT !! Vodka ! Olga ! Dieu ! Vinciiii ! Venez ici, maintenant ! Hurle-t-elle. Maintenaaaant ! »

Elle s'égosille, appelle, sa voix se casse, elle hurle de nouveau, se tourne, se vide les poumons. Elle veut tout le monde.

Maintenant.

Puis se fatigue. « Oh, c'est pas vrai... » sa voix est toute enraillée. Elle s'assoit sur la fontaine, défaite. « Pas vrai... »

Quelle journée de merde.