Le Lochness, pour de vrai ? Wouaaaaaaah !

Elle le sent. Ça ne va pas. Quelque chose cloche. Elle n'est pas dans son assiette. Et si c'était... ? Non ! Pas ici ! Pas maintenant ! Pas alors qu'elle a enfin décidé de profiter à fond de son séjour à Nulle-Part pour vivre les choses les plus folles avant de se faire dévorer par des loups ! Elle écarquille les yeux et se redresse brusquement. Est-ce vraiment ça ?! La contraction de ses abdominaux accentue la sensation de fluide gluant insupportable. Ben ouais, c'est bien ça, on dirait. Et merde... Naaaaaaan ! J'suis vraiment maudite, mais pourquoi maintenant, quoi ?! Elle serre les dents, dégoûtée. Ça ne pouvait pas tomber la semaine d'après, hein ?

Autour d'elle, de l'herbe verte, un lac. Pas de toilettes en vue, pas de salle de bain, pas de serviettes hygiéniques, pas de tampons. Rien. À part l'eau. Mais oui, c'est bien connu, l'eau ralenti la coulée désagréable du fluide sanguin ! Ni une, ni deux, elle enlève ses baskets, ses chaussettes, les fourre dans son sac de sport qu'elle attrape par les poignées et tient bien haut au-dessus de sa tête, et se jette dans le lac jusqu'à ce que l'eau manque de lécher son short en jeans. Elle remarque le contraste entre l'eau et l'air. Dehors, il fait plutôt bon, le soleil se lève, mais dans l'eau, on meurt de froid. L'eau est glaciale. Elle frissonne. Bah, tant pis pour elle. Et puis elle se rend compte qu'elle va devoir s'enfoncer jusqu'à la taille dans le lac pour que son idée fonctionne. Zut, j'avais pas pensé à ça, va falloir que j'enlève mon short ou que... Elle crie. Un petit "Hiiiii" bien strident, en apercevant deux masses étalées sur la rive, non loin d'elle.

Alors elle n'hésite plus, et s'éloigne un peu plus des bords herbeux du lac. Ce qu'elle fait ici, elle ne cherche même pas à le savoir. Ce qu'elle voit, c'est qu'un mec est étalé par terre, qu'elle a ses règles et qu'elle n'a pas de tampon. Du sang sur le short, ça le fait moyen, devant un mec.

« Hééééé ? Hééé-ooooh, le gars ? La fille à côté ? Mister-blond ? Madame-brune ? Ouhouuuuuu, debout là-dedans ! S'il vous plaît, soyez pas morts comme le squelette de la mairie, ça serait vraiment trop glauque, je veux pas jouer dans le film "baignade avec les morts", vous voyez ? Allôôôôôô ?! OH MAIS PURÉE, RÉVEILLEZ-VOUS, VOUS ME FAITES FLIPPER, LÀ ! »

Sans réfléchir, elle lâche le sac d'une main et frappe la surface ridée de toutes ses forces avec son bras libre, éclaboussant les deux dormeurs au passage. Elle veut sortir de l'eau, là, maintenant, tout de suite. Elle espère que la fille aura de quoi l'aider sur elle... Mais ne se fait pas trop d'illusions. Pourquoi n'a-t-elle pas prévu le coup en mettant le nécessaire dans son sac de sport, hein, pourquoi ?!

Pauvre petite chose. Te voilà qui te réveille encore une fois dans un endroit que tu ne connais pas pour une raison qui t'es inconnue.
Mal à la tête. Puis quelqu'un te gueule dessus. En parlant de morts et de baignade. Merde. Encore une nana chelou. Ca devient une habitude. Et en plus elle t'éclabousse. Yeeeeeah.
La joie, Wheat. Que celui qui n'a jamais rêvé de vivre un moment semblable te jette la première pierre. Bon. Admettons, t'as du pot que personne ne lise tes pensées.

Tu t'asseois difficilement. Tes yeux distinguent vaguement une forme allongée à côté de toi. Et puis y'a une nana. Enfoncée dans l'eau jusqu'à la taille.
Bienvenue chez les tarés. On est en quoi, là? Mars, à tout casser. T'en sais rien en fait.
Tout c'que tu sais c'est qu'il fait pas chaud, que tu viens de te réveiller dans l'herbe pieds nus, à côté d'un lac dans lequel une nana s'est enfoncée assez profond. Génial.
• Où est-ce que je suis encore tombé, moi?
Gromellement. T'as l'impression de faire que ca depuis que t'es arrivé, de grommeller.

Le garçon blond se réveille finalement. Vivant, il est vivant ! D'un côté elle est soulagée, d'un autre elle aurait préféré que ce soit la fille qui se réveille en premier. Mais bon, elle ne va pas cracher sur un peu de compagnie, quand même, hein ? Il a l'air blasé et doit sans doute la prendre pour une folle. C'est une habitude, chez les gens de cette ville, d'avoir l'air blasé et de lui dire qu'elle fait trop de bruit, qu'elle est trop joyeuse, qu'elle semble décalée ? Elle, elle s'en fiche. Parce qu'elle sait qu'elle ne pourra pas survivre très longtemps avec des loups mutants lâchés entre les murs de la Ville. Alors elle veut profiter. Parce qu'il y a une raison à leur présence ici, à tous.

Et elle ne veut pas faire ce que lui dicte la Ville. Elle ne veut pas être son pantin. Elle veut profiter, jusqu'au dernier instant. Résister, à sa manière. Rester elle-même, jusque dans l'éternité. Joviale, téméraire. Un peu trop casse-cou peut-être, mais, elle-même au bout du compte. Elle sourit au garçon en parlant un peu fort pour être sûre qu'il l'entende - elle est quand même enfoncée dans le lac, ils sont pas juste à côté :

« Ah, salut ! Euh... Bah... Visiblement t'es vers un lac ! Au fait, je m'appelle Février ! Et toi ? »

Elle s'avance un peu sans pour autant que ses fesses ne quittent l'eau glaciale du lac. On sait jamais, je sais même plus si ça saigne beaucoup ou pas, le premier jour... Raaaaah, la poisse, quoi ! Elle se sent bête. En plus, elle n'a même pas de mouchoirs pour faire serviette d'appoint. Pas de bol, Février...

HJ:

Spoiler:

Et elle te répond. Gosh. Encore plus barrée qu'elle en a l'air.
Vers un lac.

• Wah. Jm'en serais pas douté tout seul.
Tu mets ce que tu peux d'ironie dans ta phrase. Tout en remarquant que le soleil se lève.
Tu sors un bonbon de ta poche. Au lait. Tu le gobes. Puis jettes un oeil à la baigneuse.

• J'suppose que comme tout à l'heure personne sait où on est... Bon. Tu connais la nana qui dort toujours, là? Ah, au fait. T'en veux un?

Tu lui montres le sachet de bonbecs. Ca la fera peut-être sortir de la flotte. Elle va chopper la crève, là.

• C'est au lait.

Il a l'air de s'en foutre royalement, de sa bonne humeur. Bah, elle hausse les épaules. S'il ne veut pas être joyeux, tant pis pour lui.

« On doit encore être à Nulle-Part. Tu sais, la ville avec des loups mutants qui se baladent en liberté et où tout le monde est amnésique. Oh, y'avait aussi un squelette dans le commissariat, et... Oh, tu t'en fiches, j'imagine. Tant pis, écoute. Oui, donc, tu m'as pas dit ton nom, encore. J'vais pas t'appeler "le gars blond blasé" tout le temps, hein ? Ah, et non, je la connais pas du tout, mais elle a un sommeil de plomb, c'est incroyable. »

Elle se calme un peu. Février n'a pas envie de vexer son interlocuteur, non plus. Il lui tend un bonbon, et elle remarque qu'elle a drôlement faim, finalement. Elle s'approche en essayant de ne pas faire trop d'éclaboussures autour d'elle - raté - et finit par quitter le couvert de l'eau. Ses pieds nus foulent l'herbe d'un pas hésitant, elle s'approche, se penche, attrape la sucrerie qu'il lui tend.

« Ah oui je veux bien, merci. »

De nouveau, elle lui sort son sourire habituel. Est-ce qu'elle aime le lait ? Elle englouti le bonbon, qui fond sur sa langue. Ses papilles en profitent avec délice. Ça ne va pas lui couper l'appétit, mais c'est bon alors zut. Elle s'assoit finalement à côté de lui - tant pis pour son short, elle replongera sans doute après.

« Dis, ça fait longtemps que t'es là ? »

Nulle-Part. Le nom de cette ville semble aussi recherché que le tien, Wheat. Et étrangement, cette fille est aussi joyeuse que si... Nan. En fait, t'as aucune comparaison.
Puis elle se met à te parler de squelette, de comissariats et de loups mutants. Ouais. 'Fin sauf que toi, t'as rien vu de tout ca et que t'hésites quand même un peu à la croire.

Elle est marrante. "Le grand blond blasé." Tu pensais être plutôt petit en fait. Allrs ca te fait plaisir qu'elle te voie comme ca. Alors tu la regarde pendant qu'elle se met à approcher et tu laches, un léger sourire aux lèvres.

• Wheat. Ca doit être aussi recherché que Février.

Ouais parce qu'elle a quand même un nom bizarre.
Et l'autre à côté qui se réveille toujours pas. La brune engloutit le bonbon avant de te poser une question. Question à laquelle tu n'a pas de réponse. Pour changer, tiens.

• Ouais. Enfin non. Je sais pas plus où on est -parce que 'Nulle-Part', y'a plus précis- que quand on est. Disons que ce dont je me souviens... doit durer 20 minutes, une demi-heure à tout casser. Et il faisait beaucoup plus nuit que ca.

D'un coup, tu te souviens de la montre que t'as au poignet gauche. Tu jettes un oeil à ce qu'elle affiche. 65 heures et quelques. Presque 66. Ouais. Ca fait 6 heures en fait.

• Vive la montre qui n'indique pas l'heure mais qui l'indique quand même. Ca fait 6 heures que je suis là. À peu près.

Wheat. Elle essaie de se rappeler du nom, pour pas confondre avec tous les autres. Ça commence à faire beaucoup de surnoms et de visages à mémoriser. Elle se croit du genre tête en l'air, alors elle veut faire des efforts et ne pas oublier encore une fois tout ce qu'elle sait. Wheat, donc, regarde sa montre et dit qu'il est là depuis six heures. S'il ne se souvient que d'une demi-heure ici, c'est qu'il a dormi tout ce temps ? Wah, bravo. Dans l'herbe en plus. Elle ne sait pas si elle pourrait. Peut-être si elle était vraiment crevée ?

Elle tilte, sort son portable de sa poche.

« Oh, je pensais que c'était un bug, ce truc ! Si ça se trouve, ça peut servir aussi... Oh la vache ! J'étais à soixante-douze heure quand je me suis réveillée à la gare. Ça fait dix heures que je suis là ?! »

Elle n'a pas l'impression, pourtant. Le temps passe vite quand on s'amuse !

« C'est quand même bizarre ce décompte... Limite flippant. Enfin, pas plus flippant que le reste, tu me diras ! En tous cas, je suis contente de pas me retrouver toute seule ici. Et puis les gens avec qui j'étais avant de me réveiller vers le lac étaient des stressés de la vie qui flippaient pour un rien. Bon, ok, moi aussi je flippe un peu des fois ici, mais c'est normal, et j'en fais pas tout un plat. Bref... »

Elle tourne la tête vers la brune qui dors toujours dans l'herbe, la pointe du doigt et tourne de nouveau la tête pour regarder le blondinet avec un air interrogatif :

« Dis, tu crois qu'on la réveille ? »

La fille prends une tête bizarre. Elle a l'air de réfléchir. Et toi, Wheat? Tu ne réfléchis pas? Pourtant, tu voulais découvrir quel est cet endroit.
Tu laisse passer tout son monologue, brûlant de lui poser la question.

• Que sais-tu de cet endroit?

Ah. Aparemment tu as pensé à voix haute, pauvre petite chose. Enfin à voix basse, puisqu'elle ne semble pas t'avoir entendu. Elle continue, parlant de 'stressés de la vie'. Mais quel vocabulaire. Paranoïaques, elle ne connait pas? Puis tout à coup, elle s'interromp et pointe du doigt, la chose qui repose à côté de toi. Ah, oui. T'avais oublié qu'in troisième humain était avec vous. Qui dort encore d'ailleurs.

• Non.

Parce que qu'est-ce qu'on en a à foutre de cette nana? Tout ce qui t'intéresse ce sont les siennes d'informations. Celles de Février. Pour le moment. Oh... Et puis si, tiens

• Bon. D'accord.

Tu te lèves lentement puis t'approche du lac, où tu prends de l'eau dans le creux de tes mains. Non. Mauvaise idée. Hmmm. Tu fouille à nouveau tes poches et rtrouve les deux sachets de bonbons. Lait et menthe. Tu les mélange, tous dans le même. Et celui que tu a libéré, tu l'utilises pour puiser de l'eau.

Tu avances à pas lents pour ne pas perdre trop du liquide précieux. Et quand tu arrives près de la brune étendue au sol, tu lui verse toute l'eau sur le visage. On va voir si ca ne la réveile pas, ca.

Wheat s'approche de la brune étendue par terre avec de l'eau sur les mains et dans un emballage de bonbon. Mais il a beau l'éclabousser avec l'eau, elle n'esquisse pas un geste. Bon, ok, tant pis...

« Bon, après la méthode douce, on va essayer la méthode forte ! Recule-toi si tu veux pas t'en prendre plein la tête ! Ah, et pour répondre à ta question, je sais pas grand chose, juste qu'une fille au commissariat qui s'appelle Janvier m'a dit qu'il y avait un autre type avec un nom de mois de l'année - je sais même plus si c'était Novembre ou Décembre, enfin bref on s'en fiche -, la fille s'appelait Janvier. Y'avait aussi un squelette et une boîte en carton dans les cellules du bâtiment. Et puis des gens, un aux cheveux bleus et un rouquin super timide. Ah, et je t'ai dit que l'autre fille s'appelait Janvier ? C'est pour ça que je m'appelle Février. Et J'ai aussi vu Avril et Fireflies - bah tiens, un autre mois ! Dis, tu voudrais pas t'appeler... Je sais pas, Juillet, toi ? Ça fait très nom de blond, Juillet. Enfin Wheat, ça te va bien aussi, j'imagine ! »

Sa voix joyeuse est de retour, et son sourire aussi. Elle a besoin de bouger, de se défouler. Et surtout, elle reste spontanée, elle ! Février sent que le calcul de ses actions n'est pas son fort, et elle a sans doute raison. Elle écarte un peu plus son sac de sport des eaux troubles du lac, et se précipite dans l'eau, frappant la surface en un gros "splash" pas très sexy pour une fille.

En un instant, elle se retrouve allongée dans l'eau, a sans doute éclaboussé les deux autres derrière elle, et sourit, faisant des bulles d'air avec son souffle. Un "glouglouglou" pas tip top à entendre, sans doute. Elle sort la tête de l'eau, respire un grand coup, se sent revivre.

« La vache, ça fait du bien de se tremper, là... Tu veux venir ? Elle est pas trop froide en fait, 'faut juste bouger un peu ! »

Et elle nage, Février. D'abord une brasse incertaine, mais fluide, puis, une fois à l'aise, elle part en crawl et s'éloigne un peu plus du bord. Elle sent qu'elle n'a déjà plus pied, mais elle s'en moque. Royalement, même ! Elle bouge ! Elle nage ! En position hydrodynamique pendant quelques secondes, puis la tête relevée pour respirer, puis replongeant de nouveau, battant l'eau de ses bras à un rythme régulier. Ses jambes n'esquissent que l'ombre des mouvements, pour ne pas trop la fatiguer. Elle ne cherche pas la vitesse, mais le plaisir. Elle se retourne, fait la planche, recrache un jet d'eau qui fait légèrement pensé à celui d'une baleine - ou d'un dauphin, au choix, mais connaissant la grâce de la demoiselle, le coup de la baleine était pas mal.

« Je crois que j'aime la natation, en fait. Et toi ? Tu sais nager, au moins ? Ça doit être pratique ici d'être bon en sport, non ? T'es bon en sport, toi ? »

Elle tourne la tête vers le garçon blond, sans pour autant quitter sa position de relaxation intense. Elle flotte juste. C'est reposant.

Le soleil se lève sur la ville et les profondeurs s’éclairent peu à peu. Elle ne veut pas bouger. Elle est fatiguée de toujours bouger et travailler. Elle bâille doucement et l’eau s’engouffre dans sa bouche avant de ressortir. Pourtant le mouvement est à peine perceptible à la surface de l’eau.

Un bruit retentit à la surface. On l’appelle. Déjà ! Ah saletés de petits humains impatients. Doucement elle bouge. Elle remonte à la surface. Elle sort seulement la tête de l’eau. L’eau coule sur ses écailles bleues. Elle fixe la jeune femme dans l’eau et le blondinet à la surface de son œil noir. Le bout de la queue sort quarante deux mètres plus loin dans l’eau afin de se faire dorer au soleil. Un bout bleu aussi aux reflets rouges cette fois. Ca sera quoi pour ces jeunes gens ? Semble demander le long reptile des eaux en les regardant.

Et elle repart.
Janvier, Février, Avril, Août, Octobre, Novembre, Décembre, Septembre, Juillet, Juin, Mars.
C'est quoi son problème avec les mois de l'année?
Et puis pourquoi elle veut lui donner le nom du septième mois? Hein?

Elle repart dans l'eau du lac, en frappe la surface puis nage à nouveau. Mais. Qu'est-ce-qu'elle fait au juste?

• T'es fatiguante. Tu me laisses me poser pour réfléchir deux minutes? Merci.

Elle ne réponds pas. Qu'est ce que tu vas faire, maintenant, petite tête blonde? Tu te laisse tomber sur l'herbe trempée et tu essayes de faire fonctionner tes neurones. Que sais-tu de cet endroit? Rien. Une ville. Des gens y arrivent par un train, amnésiques. C'est tout. Tu tourne et retourne ca dans ta tete pendant une minute. Mais l'autre continue son boucan, il t'es impossible de réfléchir correctement. Alors tu relève la tête vers elle. Attends. C'est quoi, cette tête écaillée? Un poisson? Drôle de bête quand même. Mais quelques secondes plus tard, une queue elle aussi recouverte d'écailles se lève beaucoup plus loin dans le lac. C'est pas un poisson. C'est une saloperie de truc chelou mais c'est pas un poisson. Tu pouvais pas le savoir, de toute facon. Enfin peut-être. Tu sais pas en fait. Juste que les poissons c'est une saloperie. Et ca aussi. Mais c'est pas un poisson. Et la nana est toujours dans l'eau à quelques mètres de la bestiole. Merde.

• Sors de l'eau. Tout de suite. TOUT DE SUITE.

Tu te recules le plus possible. Tu t'éloignes du bord. Mais, dis-moi Wheat, si elle n'est pas assez rapide, ou pas assez intelligente pour s'éloigner à temps. Si jamais elle meurt, te rendras-tu responsable de sa mort?

• Et merde!

Tu peste avant de revenir en courant vers le bord. Tu lui tends une main tout en surveillant la saloperie d'un oeil.

• MAIS GROUILLE-TOI, MERDE.

Alors, Wheat? Tes intuitions se vérifient n'est-ce pas? Tu es une proie dans un monde qui t'es inconnu. Tu es le pion sur le plateau d'échec. Un plateau d'échec lavé par on ne sait quoi. Un plateau sans couleurs. Est-tu blanc, es-tu noir? Pion ou cavalier? Tour ou bien fou? Et qui sont les autres? Tout ca, tu ne le sais pas. Pour l'instant, la seule chose qui t'importe, c'est que cette nana soit assez intelligente pour venir se mettre à l'abri. Parce que tu te vois mal annoncer sa mort à qui que ce soit. 'Vos enfants sont morts parce qu'ils étaient débiles.'

Puis même. Il n'y a personne à qui l'annoncer mais tu ne veux pas te sentir coupable. Parce qu'au fond, t'es sympa, p'tite tête blonde.
Mais dis-moi, Wheat... Dans ta hâte, tu n'aurais pas oublié la belle endormie?

Tout droit, toujours tout droit. Aller toujours tout droit, c'est un bon moyen pour ne pas se perdre! Parce qu'après, on a juste besoin d'aller tout droit mais dans l'autre sens. Et pouf! Tu trouves enfin un endroit! Et même que y'a deux personnes! Un blond plus petit que toi, et une fille plutôt mignonne! Mais cette fois, pas d'erreur. Tu ne lui sautera pas dessus comme la blonde de tout à l'heure ! Tu arrives, prêt à être classe, et la, BAM. Un truc dans l'eau. Un monstre? Une bête ? Le blond a l'air de s'énerver. C'est pas cool. Mais t'es pas méchant! Alors t'arrives , et tu te grattes la joue

Salut! Euh. C'est bizarre de se présenter comme ça, mais vu la situation, tant pis. Ici, à Nulle Part, on me connait sous le nom de Noodles! Et à priori, avant de me retrouver dans le même soucis que vous, j'étais barman.

Autant faire profiter tout le monde de cette belle découverte ! Tu sais que les animaux ne semblent pas t'en vouloir ici, alors autant tenter l'impossible. Tu vas sur le rivage, et tu t'assied, en tailleurs.

Du Calme, Monsieur ou Madame le monstre Marin! Tout va bien, on est pas la pour essayer de vous tuer! Vous avez l'air d'avoir une superbe queue! Et si vous vous montriez entièrement, mais pas de manière agressive? Je m'appelle Noodles! Et je suis sur que vous avez quelque chose à nous dire! Un magnifique être comme vous!

Elle jubile. Décidément, l'aube agite Ses petits jouets d'une bien intéressante façon. Son immense conscience laisse échapper un nouveau souvenir, qui vient délibérément flotter sous le nez de Wheat. Alors petite âme égarée, que comptes-tu faire de ton passé ?

Spoiler:

Tu stoppes net et baisse brusquement ta main. Que se passe-t-il, Wheat? Une boule se met à flotter juste sous ton nez. C'est quoi CA? Tu recule précipitemment, tombant en arrière sur le talus. Et la boule lumineuse te suit.

C'est quoi cette Merde encore. Tu voudrais ramper, rouler sur le côté, mais tu toucherais immanquablement le... Le Truc. La dernière solution serait de se laisser glisser dans le lac mais... Il y a toujours la bête.
Tu jettes un regard paniqué aux personnes en présence avant de fermer les yeux. 'Bouges...mais bouges....'

Alors Wheat? Ca serait bête que cette stupide boule de lumière marque la fin de ton aventure, quand même...

Wheat lui crie de revenir. Elle se retourne vers lui, le fixe sans comprendre.

« Ben quoi, qu'est-ce que t'as à t'agiter comme ça ? Tu sais pas nager, c'est ça ? »

Elle sent les remous anormaux des vagues, dans l'eau. Tourne la tête. Et voit une sorte de dragon des mers sortir des eaux secrètes du lac. Son visage est d'abord pétrifié en une expression de choc, puis un grand sourire étire ses lèvres. La vache ! Mourir bouffée par un dragon c'est vachement plus classe que mangée par des loups ! Et ouais, elle, au moins, elle aura une mort classe. Sauf qu'elle a quand même un peu la trouille de mourir écrabouiller pas les mâchoires qu'elle devine à la bête.

Comme Wheat lui crie toujours dessus, elle patauge, nage, marche, retourne sur la terre ferme, attrape son sac.

« Hé, t'as vu, c'est quoi ce truc ?! La vache c'est coooool ! T'as jamais rêvé de domestiquer des créatures fantastiques, toi ? Hé mais finalement c'est cool, Nulle-Part ! Oh, salut Noodles ! Noodles, ça se prononce comme ça ? Bah on va dire que oui ! Oh, dis, t'as l'air plus fun, toi, tu viens avec moi ?! »

Elle lui sert son sourire le plus convaincant, le plus déterminé, le plus Février qui soit. Parce qu'elle a peur, la gamine. Mais plus que tout, elle aime le danger. Elle est curieuse. Et elle sait que si ce n'est pas le monstre, ça sera les loups, les cachots, la Ville. Elle veut encore être libre de choisir. Elle veut affronter la Ville, défier ses loups. Les défier de la rattraper pour la dévorer.

« Allez, amène-toi ! » Piaille-t-elle en attrapant le bras de Noodles.

Elle sa son sac dans l'autre main, et elle s'avance dans l'eau, ne s'occupant pas de son tee-shirt jaune déjà détrempé - et sans doute quasiment transparent. Non, ça lui passe totalement au-dessus de la tête. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, elle, elle veut du fun, elle veut de l'action !

« Hé, le dragon ! Waaaah... Elle est classe, c'est bestiole, quand même ! Hé, donc euh... T'as pas un château à défendre ? On un trésor, comme dans les films ?! Ou... Oh, je sais ! Hé, on peut monter sur ton dos ? Ça serait tellement énorme ! »

Elle commence à s'agiter, impatiente, excitée. Si la bête ne lui répond pas avec politesse, elle sortira sa raquette et lui en foutra un bon coup sur le museau. En mode chevalier avec son épée flamboyante ! Ou plutôt, en mode pauvre gamine terrorisée par un monstre sanguinaire.

« Han mais en fait, si tu vis dans l'eau, t'es plus un Léviathan, non ? Hé, Noodles, Wheat, vous en pensez quoi ? Dragon ou Léviathan ? »

Elle parle, pour oublier la peur qui lui tord le ventre. Elle stresse, retient un rire nerveux. Et son sourire, il est figé, presque forcé. J'ai pas peur, j'ai pas peur, j'ai pas peur... La vache, il est quand même géant ce dragon. On se croirait dans un jeu vidéo ! Mais dans les jeux vidéos le héros a une arme potable, quoi. Et et et... Non, j'ai pas peur. Ce dragon, il est GENTIL, bordel ! GENTIL ! Elle veut y croire, vraiment.

Et Wheat touche une boule lumineuse qui flotte à côté de lui. Ouais, de plus en plus jeu vidéo. Mais en vrai, c'est un peu flippant quand même, non ?

Doucement, elle sent l'adrénaline monter en elle à mesure que le temps passe.

HJ:

La fille te tire dans l'eau, sans te poser de question. Et puis elle est rigolote. Et être rigolote, c'est super ! T'as de l'eau jusqu'à la moitié du corps, et tu sens les remous. Vous êtes pas tout seuls dans l'eau, mais on s'en fout !

Je sais pas mais j'aime bien! Faut pas avoir peur! Parce que la peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine... mène à la souffrance. Et souffrir, c'est mal. Et c'est pour ça que les monstres paraissent monstrueux! C'est parce qu'ils souffrent d'apparaître comme des monstres! En fait, faut les voir comme des amis! N'est-ce pas, Léviathan?

Debout, dans l'eau, accompagné par une fille qui tremble. C'est une situation étrange. C'est à en croire que tu es maudit par quelque chose, que tu as la poisse. Mais la poisse c'est qu'un concept, et les concepts, ça peut pas te blesser. Les mots et les coups , ouais. Mais pas les concepts.

Il ne faut pas avoir peur. Et même si l'on a peur, il faut affronter la peur.

Un nouveau blond vient d’arriver. La bête baille doucement. Trois personnes, que du travail. La bête est blasée et regarde les personnages. Un la fait sourire lorsqu’il s’en va effrayé. Les deux autres s’avancent dans l’eau pour lui parler. La petite brune la regarde et lui parle, le blond aussi. Son œil les regarde sans comprendre. Ou sans avoir envie de comprendre. Ils partiront peut être à un moment.

Sa tête se penche sur le côté pour mieux regarder le couple qui se tend devant elle. Bon. Que veulent-ils à la fin ? Elle tend le cou pour regarder les deux êtres humains. Et son souffle n’est qu’à quelques centimètres d’eux.

Et dans le même temps, le souvenir envahit la mémoire de Wheat :

Wheat:

Elle essaie d'avoir l'air courageuse, lâche brusquement le blond et croise les bras, le menton relevé, un air de défis scotché au visage.

« Dis pas n'importe quoi, j'ai pas peur ! J'ai juste euh... Froid. Oui, voilà, j'ai froid à force de patauger dans l'eau glaciale ! Et euh... Ouais, j'ai pas tout saisi, mais ce monstre du Lochness, il est trop chou pour être méchant, hein ? C'est ça, hein ? Rassure-moi... »

Et la bête se rapproche, hésitante. Son souffle chaud et nauséabond caresse la peau de Février et lui ébouriffe les cheveux. Elle tend une main peu assurée vers le museau de la créature aquatique, lentement, très lentement, jusqu'à en effleurer les écailles, juste entre ses deux narines.

« Me mange pas, d'accord Dragon ? Je suis pas méchante. Et j'ai pas peur de toi - Elle prend une grande inspiration et répète, avec beaucoup plus de conviction : - J'ai pas peur de toi. »

Elle se sent ridicule, à parler avec un léviathan qui ne la comprend sans doute même pas. Mais bon, fuck le ridicule, que les autres pensent leur merde sur elle et puis basta. Elle, elle n'a pas besoin de l'avis des autres pour faire ce qu'elle veut. Elle est libre ! Plus ou moins.

« Hé, j'ai une idée ! Si on lui demandait de monter sur sa tête ? C'est vachement classe de traverser le lac à dos de Léviathan ! - Elle tourne de nouveau la tête vers le monstre qui lui fait face et l'observe de ses grands yeux reptiliens - T'as entendu ? On peut monter, dis ? »

L'adrénaline pulse dans ses veines, et elle sent l’appréhension monter en elle alors qu'elle confie sa vie à un serpent des mers. Sa vie... C'est un bien grand mot, pour le peu de choses qu'il en reste. C'est un pari risqué. Mais sans risque, où est le fun ? Elle s'en convainc finalement.

« Hé, Wheat ! Tu veux venir ?! »

Elle a crié sans quitter la créature des yeux. Ne pas tourner le dos au danger. L'affronter sans crainte. Vivre et profiter. Wheat aussi a le droit de s'amuser !

HJ:

La petite fille la caresse. Elle la regarde étonnée et enlève rapidement sa tête sous le contact peu habituel et peu désiré. Au départ, le serpent avait pensé qu'elle aurait pu s'attacher à la nouvelle petite fille mais finalement elle est comme les autres. Le blond ou la fille ont tous les deux juste envie de monter et de traverser. Alors elle tend la nageoire et ils montent tous les deux : le blond aux cheveux longs et la petite brune.

Un virage, ça tourne fort et vite, traverser le lac n'est pas évident. Les deux individus manquent de tomber. Le blond fait barrage pour éviter à la brune de tomber et lors de cet acte héroïque, il tombe à sa place. Il s'enfonce dans les profondeurs de la mer sans pouvoir remonter à la surface. Ca fera un petit déjeuné pour plus tard. Si elle avait pu sourire elle l'aurait fait, la gourmandise la perdra.

Les voilà arrivés. Le bord est atteint et la petite fille a perdu 15 heures. Son boulot est fait, elle tend la nageoire et laisse la fille sortir et retourner sur la Terre ferme.

Spoiler:

Elle est en face de la bête, dans l'expectative.

Elle est sur sa tête et elle sent le vent fouetter sa peau nette.

Elle est agrippée à une écaille pour ne pas tomber comme l'autre gugusse. Ça fait plouf. Elle resserre sa prise, crispée par la peur et l'adrénaline qui pulse dans son corps. Ça va vite, ça va fort. Elle, elle est forte, croit-elle. Parce qu'elle a su s'accrocher. Elle ferme un instant les yeux et se concentre sur ses doigts, essayant tant bien que mal de ne pas lâcher prise.

Elle est debout sur la tête du monstre, un sourire nerveux scotché au visage. C'est haut. C'est grand. Elle a le vertige. Le Léviathan est à l'arrêt, il s'abaisse et étend une nageoire pour qu'elle descende. Elle glisse un peu dans ses baskets trempées. Ça fait schpouik.

Elle est sur la terre ferme et elle tremble de tous ses membres. Elle a froid, faim, peur. Le grand serpent de mer lui fait face. Est-ce qu'il va la manger, maintenant qu'elle ne sait plus où courir ? Maintenant que l'angoisse paralyse ses jambes ? Son ventre se tord sous le regard reptilien qui la sonde. Elle a l'impression qu'elle doit dire quelque chose, mais pour une fois, rien ne vient. Son cerveau est comme à l'arrêt.

Puis, après un silence, elle murmure timidement :

« Merci... Dis ? Si... Si un jour je reviens te voir, tu me mangeras pas, hein ? »

Rire nerveux. Elle parle avec un léviathan et elle le vit bien.

« Je... Il faut que je file. Je sais pas pourquoi. J'ai faim, peut-être ? Euh... Je reviendrai, d'accord ? Je reviendrai à la gare un jour. »

Dernier regard. Elle sait qu'un animal, ça ne comprend pas le langage des humains, aussi fantastique soit-il. Alors elle recule sans le quitter des yeux, le temps de quelques pas. Puis se retourne, et marche. Court.

Elle aurait tant aimé voler.

Le sang coule et elle doit trouver de quoi éponger.

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