L’avantage, quand vous vous pointez comme une fleur avec des instruments assoiffés de vengeance sur les talons, c’est que personne ne vous contredis. Deux ou trois mots pour exprimer une incrédulité toute naturelle dans ce genre de situation décalée, après c’est fini. On vous suit comme des chiens bien éduqués. C’est plus ou moins ce qu’il s’est passé. La rousse détale presque plus vite que moi. Quant à Août, il comprend tout de suite que le temps n’est pas à la papote. Alors je ne pense plus à rien, et je coure. Il n’y a rien d’extraordinaire à ça, si ce n’est qu’après d’interminables minutes à slalomer dans des ruelles à n’en plus finir, je sens que je fatigue. Je ne dois pas être la seule. La fanfare furieuse ne semble pas avoir besoin de reprendre son souffle, malheureusement.  Tu aurais dû continuer à jouer. Passer en force n’était peut-être pas une bonne idée… Non, mais mes oreilles n’auraient pas supporté beaucoup plus longtemps la partie chantée du morceau.
Vite, trouver quelque chose n’importe quoi, pour échapper à ces pot-de-colle flottants. Nous pourrions rentrer dans une de ces maisons qui bordent la rue. Ou dans un magasin. Fermer la porte et se barricader ou… j’aperçois notre salut en tournant à droite. Depuis combien de temps courrons-nous ? Trop longtemps. Le salut en question réside en une porte massive, servant d’entrée à un bâtiment qui ressemble trop aux commissariats que l’on croise dans certaines séries américaines pour que ce soit autre chose.

- Par-là !

Je me jette presque contre la porte et retiens un juron. Parce que cette putain de porte est indubitablement fermée. Bloquée pour être plus précise. La situation est désespérée. Trop pour que nous repartions. Alors je donne un coup de pied contre la porte et je hurle, tâchant un minimum de rester polie. Si on a fermé cette porte, c’est sûrement pour se protéger de cinglés.

- Ouvrez cette porte ! S’il vous plaît ! C’est une urgence !

Bon d’accord, nous sommes aussi des cinglés. Je me tourne vers les autres :

- Elle est bloquée par quelque chose ! Aidez-moi à la défoncer !  

Ça aussi, ça fait attitude de cinglé. Mais qu’est-ce qui est censé ici ? Les rats géants, les ronces qui embarquent les gens et les instruments psychopathes ? Ou nous ?

Le salut ? Quel salut ?



Ils avaient couru, comme des dératés, enchaînant les virages, les tournants de rue, pour échapper à l'armée du grand Trombone. Cependant, rien ne les avait arrêté, les instruments à vent n'avaient même pas à reprendre leur souffle. Sûrement feraient-ils un excellent orchestre, dans la mesure où l'homme n'avait pas à intervenir pour leur donner, ce souffle. Si ils voulaient bien jouer au lieu de les poursuivre, seulement. Bref, passons cet aparté.


Un commissariat.
Qui dit commissariat, dit armes. Dit, de quoi se défendre. Dit, moins de danger face à ça, m'enfin, à supposer qu'ils soient sensibles aux balles. Ville de merde. Les deux femmes s'affalaient sur la porte, chacune leur tour, puis les deux en même temps, criant à l'aide si quelqu'un il y avait, demandant presque le droit d'asile en quelques sortes. Il est vrai que la situation était précaire. Elles s'y prennent mal. Pas assez tête brûlée dans leur caractère probablement. Cendrillon attrape le premier objet qui lui passe sous la main -une brique- pour le jeter à l'intention des poursuivants. Désespoir, quand tu nous tiens.


Puis, elle prend l'initiative. Force de décision. Elle prend cinq ou six pas d'élan, et se met à donner sa directive, si simple soit-elle : Hey chéri, pas le temps de rêvasser, avec moi à trois !. Elle se met en position, respire un unique grand coup, décompte jusqu'à trois, stressée par la foule métallique qu'elle entend se rapprocher encore et encore. Dernière chance ?

De tout les bâtiments qu'on a croisé, il a fallu qu'on s'arrête sur le SEUL qui était fermé à clé. Je soupire, la poisse... Elles essayent de défoncer la porte, bordel pourquoi on est pas partie rechercher un autre bâtiment où se mettre à l'abri au lieu d'insister sur celui là ?! La fille aux cheveux bouclés m'ordonne limite de les aider à défoncer cette porte. Kateya me regarde, proposant d'y aller ensemble après son décompte. Je rougis légèrement en détournant mon regard quand elle emploie le mot "chéri", n'étant pas encore totalement habitué à ce genre de surnom.

Je me met donc en position aussi, attendant qu'elle arrive à trois. Elle hurle, part en courant en direction de la porte. Je l'imite, enfonçant cette dernière de toute mes forces, gémissant légèrement de douleur. J'avais presque oublié mon épaule blessée par la morsure du loup, j'espère que ça a marché, sinon on est foutu.

Clow soupira de lassitude, depuis le départ de Chancelier, il s'était retrouvé presque seul avec lui-même. Dinosaure s'était calmée visiblement, il la portait somnolente contre sa hanche et Janvier ne s'était pas réveillée vraiment utile depuis son retour, endormie sans se soucier de rien. Et Clow était fatigué de se retrouver à nouveau en charge de tout et de tout le monde, avec Chancelier au moins il se sentait un minimum épaulé. Là, tout était silencieux et l'absence d'évènements et d'actions rendait le roux franchement nerveux.

Il aurait dû apprendre à tourner sept fois son cerveau dans son crâne avant de penser.

Mais là encore, comment aurait-il pu deviner qu'un groupe d'idiots viendraient essayer de défoncer la porte, en faisant assez de bruit pour ameuter sles horreurs de cette ville. S'ils commençaient à faire pleurer Julia, il allait sérieusement songer à utiliser ses armes. S'approchant de la porte, le jeune homme écouta vaguement les conversations et s'amusa intérieurement de voir que le meuble qu'il avançait bien coincé avec Chancelier ne bougeait pas, malgré tous les efforts extérieurs. Faisant demi-tour, il alla refermer la salle des armes et revient, hésitant.

Ouvrir ou non ? Clow était trop gentil pour hésiter longtemps, mais trop sur les nerfs pour le faire gentiment. Il délogea le meuble et ouvrit juste au moment où il savait la prochaine impacte arriver, laissant les inconnus, s'écraser sur le sol. Les poussant ménagement, il reclaqua et rebloqua le tout rapidement. Se tournant, Clow ne dit pas mots, Julia toujours coincées contre lui, il recula.

"Alors, maintenant, on va être claire, parce que visiblement vous étiez tous trop pressés ou idiots pour ne serait-ce que penser. Au cas où vous ne l'auriez pas compris, cette Ville veut notre peau à tous. Ici, une porte derrière laquelle se réfugier c'est vitale. Vous avez tous faillit détruire notre sécurité en cassant celle-ci et en étant tellement bruyant que je ne serais pas surpris de voir les loups rôder bientôt. Vous pouvez prendre une pause ici ? Okay. Vous voulez une arme ? Okay. Vous voulez boire ou bouffer ? Non ou alors vous devrez aider à refaire les réserves que vous avez touchés. J'ai une enfant et une fillette sur les bras, je n'ai pas de quoi nourrir cinq bouches supplémentaires. Sinon ? Bienvenue au commissariat et chez les Sentinelles. Je suis Régis, mais vous pouvez m'appeler Clow. Ne m'appelez pas Régis, j'aime pas. Questions ?"

Il s’était trainé hors de la maison, abandonnant sans aucun remord la blonde armée – elle saurait bien se débrouiller et au pire, il retournerait prendre l’arme sur son cadavre.
Il avait erré un moment, tournant en ville avant de finalement tomber sur ce qui semblait être un commissariat. Et devant celui-ci… Eh bien, quatre jeunes gens semblaient se démener pour parvenir à ouvrir les portes, semblant paniqués.
Puis il entendit le tintamarre. Cette mélodie discordante, métallique qui le fit frémir – encore un foutu monstre ?! Il les rejoignit – il n’avait pas le choix. Qui disait commissariat disait armurerie, et qui disait armurerie disait arme – le meilleur endroit pour trouver de quoi se défendre. Il s’approcha donc, plissant les yeux – les portes étaient visiblement fermées à clef. Il siffla, agacé – pas question qu’il aille aider. Toutefois, il s’approcha, s’adossant à l’angle du bâtiment de manière à garder un œil sur eux – on ne savait jamais, qui sait, peut-être qu’un miracle leur tomberait dessus. Une poignée de seconde serait suffisante pour s’engouffrer entre les deux battants de la porte.
Puis le miracle eut lieu – et la porte s’ouvrit. Il n’attendit pas, s’engouffrant à la suite des autres à l’intérieur et toisant le roux qui parlait, une gamine collée à sa hanche. Quel mignon tableau de famille…
Mais il n’y avait pas d’arme. Autant la jouer cool pour l’instant, le moment où il pourrait récupérer de quoi se défendre viendrait bien, à un moment où un autre. D’une oreille distraite, il écoutait le roux. Jusqu’à ce qu’on aborde les armes – ça, c’était intéressant. Aussitôt il se redressa légèrement, dévisageant du coin de l’œil les autres. Alors, le mioche roux : aucun danger. Deux gamines : rien à craindre. Le seul réel danger venait des autres – il y avait trois femmes et un mec. L’une des femmes ne lui inspirait absolument aucune confiance. Les deux autres non plus – des femmes, merde. Et l’autre… Il était mitigé. Mais pour le moment, il n’y avait pas grand-chose à craindre. Il prit finalement la parole.

« Je ne vais pas m’attarder personnellement. Je cherche juste une arme. »

La voix était basse, grave, presque douce. Après tout, il avait toujours inspiré confiance – même décoiffé, échevelé et habillé de vêtements un peu éliminés, il gardait cet air angélique qui avait trompé tant de monde. Ce n’était pas la peine de se montrer inutilement agressif ou menaçant – le roux à la gamine était probablement le genre à devenir particulièrement chiant si on s’en prenait aux siens. Autant la jouer en douceur.

Le coup de « j’enfonce la porte d’un seul coup d’épaules même si elle bloquée par une armoire », ça ne marche que dans les films. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Même avec l’aide de Dame puis de la rousse et enfin d’Août, cette fichue porte ne bouge pas d’un millimètre. Je jette un coup d’œil en arrière, constatant que la fanfare tueuse se rapproche toujours. Puis, comme quoi les miracles existent, la porte s’ouvre sur un roux qui nous pousse sans ménagement à l’intérieur. N’ayant pas donné de coup supplémentaire contre la porte, je m’épargne la honte de m’écraser tête la première sur le sol.
Le roux referme immédiatement la porte ; c’était un bureau qui la bloquait. J’observe notre « sauveur ». Il a une gamine contre la hanche et ce tableau si normal me fait rire. Ce bref éclat s’arrête presque aussitôt. Je rêve où il nous fait la morale ?! Il n’est sûrement pas plus âgé que nous tous. Je lève les mains.

- Hey, c’est bon, calme-toi. On était poursuivis par la moitié des instruments de la ville et ça m’a semblé l’endroit le plus sûr dans cette situation. On ne vous veut aucun de mal.

Faire du mal à une enfant, très peu pour moi. Et puis ce Clow semble être du genre à se battre pour un peu qu’on la touche, alors autant éviter la violence.

« Je ne vais pas m’attarder personnellement. Je cherche juste une arme. »

Je fais volte-face et plisse les yeux face au nouveau venu. Un blond, un peu débraillé et l’air innocent au premier abord, se tient juste à côté de la porte. Il est entré comme celui-là ? Quelque chose chez lui, un élément indéfinissable, ne me plaît pas. Il est dangereux. Constatation contre laquelle je me prépare en mettant la main dans la poche où se trouve mon canif. L’autre poing est prêt à faire face à toute éventualité.

- Et nous un endroit où attendre tranquillement que la chorale derrière cette porte passe l’éponge sur notre petit passage en force. Même si des armes ne seraient pas de refus.

Bien sûr, à part Dame, personne ne doit rien comprendre à cette remarque. Je repense à ce qu’elle a dit avant. Peut-être aurais-je dû accepter de supporter son chant désastreux jusqu’à ce que les instruments nous fichent la paix. Il est trop tard pour faire demi-tour. Je tends la main au roux, en pinçant les lèvres :

- Aucune idée de mon vrai nom, alors pour l’instant ce sera Xéna.

Fallait-il vraiment qu'on le sente arriver ?
Le gag du "on fonce dans la porte mais en fait elle est ouverte donc vous allez vous casser la gueule" n'arrive pas que dans les films, à moins que cette ville ne soit un film. Cendrillon et Août se retrouvèrent expulsés, après que leur épaule n'aient heurté ... Rien. Parce que la porte s'était ouverte, puis subitement refermés derrière eux. Behold the divine redheads. Et voilà donc notre héroïne à terre, en compagnie de son l'ancien amour de sa vie si on s'en réfère aux données et à ses camarades.


Elle lève la tête, et devant elle, un roux. Encore un. Un roux avec une gamine à ses côtés. Il a l'air ... Fatigué, c'est le cas de le dire. Il s'appelle Régis. Enfin, faut l'appeler Clow. Il a une fillette et une femme sur les bras. Pauvre père de famille. Il veut pas partager ses denrées. Va te faire foutre, j'ai faim, j'irai chercher s'tu veux. Cinq bouches. Cinq ?


En se relevant, en effet, Cendrillon se rendit compte qu'il y avait un cinquième individu, avec eux. Il était arrivé quand, le ninja ? Incrusté parmi la bande, il ne cherchait qu'une arme. Bien, qu'il me fiche la paix celui-là, de toute manière, les types qui s'incrustent dans ce genre de situations, j'aime pas trop ça. Des questions ? Oui, Cendrillon en a une. Elle débarrasse les poussières sur elle, et croise les bras, toisant de son mètre 81 le tenant des lieux. Je me fous de refaire tes stocks, tu me dis ou aller et j'irai une fois le ventre vide si t'y tiens tant. M'enfin, pour l'instant, on a l'orchestre philharmonique de la ville à nos, enfin tes portes, niveau bruit t'es servi, et sans l'aide d'idiots comme nous ..., lui dit-elle avant d'en soupirer un grand coup. Situation plus cocasse ne se pouvait, mais au moins, ils étaient en paix.


Elle jeta un œil par la fenêtre, étant probablement la première à faire un quelconque déplacement dans cette grande salle. Bon Dieu, que nous réserve encore cette foutue ville, après les téléportations inopinées ... Elle se tourne vers Ré- euh vers Clow, au bout d'un moment d'intense réflexion concernant sa place dans l'univers et la douche qu'elle aurait pris avec plaisir. C'est fréquent, ce genre de trucs ici ?

Clow:

J'assiste à la scène, tel un spectateur. Tout à déjà été dit, je me contente donc de regarder. Je soupire de lassitude envers cette ville avant de m'éloigner un peu, de m'adosser au mur. Je suis fatigué de tout ça... Je me laisse tomber le long de ce mur, je reste assis sur le sol. Je veux seulement me reposer.

Spoiler:

Si au début la conversation avait pu receler un minimum d’intérêt, il n’en était plus rien désormais – et adossé à son mur, les yeux négligemment posés sur le plafond, le blond daignait que l’on fasse à nouveau attention à lui. Et blablabla que je me plaigne et que je me mette à dos la personne maître en ces lieux… Décidément, il avait bien fait de ne pas les rejoindre plutôt ou de s’être éternisé avec les autres au manoir – franchement, il n’aurait pas supporté de rester dans un groupe. La seule personne qu’il tolérait et qu’il désirait à ses côtés et Mikhaïl, de toute manière. Puis on s’intéressa à nouveau à lui pour lui indiquer que l’armurerie était au fond. Bonheur – il lui aurait bien roulé un patin pour le remercier, tiens. Mais voyons – pas devant les enfants.
Le blond inclina légèrement la tête en guise de remerciement, s’éloignant dans la direction indiquée après une œillade au roux – il était pas moche, après tout. Bon, il n’avait absolument pas le charme de son amant, mais c’était quand même une petite douceur pour les yeux ce type, avec ses cheveux rouges et son air de faux adulte.
C’est des pensées plein la tête que le blond s’éloigna vers l’armurerie, y pénétrant sans porter plus d’attention aux autres – et se demandant si quelqu’un allait le rejoindre, tiens.

Spoiler:

Clow se calme à mesure que je parle. Apparemment, je ne me fais peur qu'à moi-même... Dame, provocatrice, l'appelle Régis. Enfonce le clou au sujet de « oui on veut juste rester pour se poser un peu, on ne vous fera pas de mal ». Très mauvaise idée, qui pourtant n'entraîne qu'une simple réplique acide. Blondasse ? Je pose une main sur l'épaule de Dame, juste histoire de la calmer. Aucune envie que notre refuge se transforme en lieu de disputes. Simple question de bon sens ; si ces deux-là continuent à se provoquer  tout va, ça va mal se finir et adieu le repos.

Le blond ninja aux vêtements sales et débraillés s'éloigne vers la réserve d'armes dès que le roux l'a lui indique. Un problème de moins... Ce type dégageait une impression déplaisante qui me forçait à rester sur mes gardes. Maintenant que le danger est passé, je m'autorise le luxe de m'asseoir sur le bureau, savourant la simple sensation d'être assise après cette course. Je ferme les yeux. Je ne les écoute qu'à peine. La rousse qui demande s'il y a d'autres choses aussi étranges qu'un orchestre tueur, Clow qui lui répond. A l'image du blasé, je ne fais plus rien pendant quelques secondes. Puis je prends une grande inspiration et me relève.  

Ceux qui m'entourent n'ont que peu d'importance. A part Août, je ne les connais pas. Et encore, lui, je le frapperai bien pour avoir laissé tomber la crevette. Alors je me plante devant Dame.

- Il faut qu'on parle de ce que j'ai vu au conservatoire.

Elle, contrairement à eux tous, fait partie, même si ce n'est que de façon minime de ma vie passée. Celle où j'avais tué une femme probablement plus innocente que moi et où j'avais conseillé à « Ali » de quitter Sergueï. Intérêt personnel ? Raison valables ? [i] Déjà, ce qu'il serait vraiment bien de faire avant même de ce poser ce genre de questions inutiles et sans issues, c'est de savoir qui est Sergueï. Oui, ce serait pas mal, en effet.

Qu'avons-nous, au programme ?
Une altercation entre l'autre roux et la brune, l'autre brune qui va la calmer, elles s'isolent, cool ça. De leur faute on les avait au cul, les gentils bouts de métal. Et puis de toute manière j'ai pas envie de leur parler, moi non plus. Je pense que personne a vraiment envie de se parler, par ici. Août, pauvre fou, est tombé à terre. Il a l'air exténué, le pauvre. Nan bah elle nan tiens ... Qui porte la culotte ici ? Sûrement pas l'autre ninja qui s'en va directement prendre son arme avant de s'en aller. Un de moins. La petite va s'endormir, c'est cool. Donc au final, reste plus que Cendrillon et le maître des lieux en lice ?




Elle en apprenait, des choses intéressantes. Donc il y avait des loups, des ronces ou ce genre de conneries, ici aussi ? Derrière le regard surpris qu'elle lui jetait, après avoir reçu le rouleau de bandages, se trouvait une pointe d'excitation. La curiosité sauvage qu'elle avait alors éprouvé était sans précédent. Non pas qu'elle ait envie d'aller au suicide, mais juste ... Qu'elle commençait à se faire à cette idée. Cette idée qu'elle ne pourrait pas sortir d'ici. Jamais. Alors elle essayerait d'en découvrir le plus possible ici. Elle ne lui répondit même pas, se contentant d'aller voir son ex-petit ami, agenouillée devant lui.

Hey bad-boy, je sais pas appliquer un bandage, j'espère que tu sauras en faire bon usage ... Oui, je sers à rien, retiens ta remarque pour quand on sera seuls., lui dit-elle, un triste sourire aux lèvres. Elle pourrait se reposer, enfin ? Se levant, elle jeta un regard aux autres résidents, ici. Seul Clow' valait le coup, semblerait-il. Clow', et Août bien entendu, mais il semblait à bout. Si il savait ... Elle s'adressa au troisième roux de la maison. Je vais ... Je vais aller un peu seule, là-haut. Mais hésite pas à me déranger, si t'as besoin d'aide, ou quoi que ce soit, en fait.


Ne me regardez pas.
Allez vous faire foutre, me regardez pas.
Cendrillon monta les escaliers. Et une rousse de moins.
Who wants to come and see a Nervous Breakdown ? (elle est par ici)

A vous !:

Il observe l'étrange spectacle qui se déroule devant lui et comprend assez vite que ce n'est pas un véritable groupe qu'il a sous les yeux. Les gens se parlent en petit groupe dans leur coin et ne se prêtent déjà plus aucune attention.

Se détournant, Clow décide de tenter le coup et dépose Julia aux côtés de Janvier. Si quelqu'un essaie de sortir, il devra déplacer le bureau, si quelqu'un déplace le bureau, le rouquin est sûr de l'entendre de loin, très loin.

Il aurait besoin de munitions maintenant qu'il a des flingues.
Clow prit la direction de la salle d'armes.

«  Oui, j'avais presque oublié. Non, pas du tout. Qu'as-tu vu pour m'appeler ainsi ? »

Dame me tire par le bras pour que je m’assoie face à elle. La brune parle bas, pour ne pas se faire entendre d’oreilles indiscrètes. Ce qui s’avère parfaitement inutile.  
Les autres discutent entre eux puis disparaissent au fil des minutes. Clow à la suite du ninja, Août derrière la rousse qui s’en-aller par des escaliers menant sûrement jusqu’au toit. Nous sommes seules à présent pourtant ma voix est aussi basse que la sienne, sûrement parce que je ne suis pas très sûre de ce dois dire, ni si je devrais le lui dire :

- Eh bien… une ville d’abord, avec de la neige. Tu es arrivée derrière moi alors que je jouais le même air qu’au conservatoire.

J’hésite à continuer. Rien ne me dit que je peux lui faire confiance. Tu lui as raconté ta vie par le passé, qu’est-ce qui t’empêche de recommencer ? C’est différent à présent. Je ne connais plus cette fille, même si c’était le cas. Prudente, je poursuis, toujours sur le ton de la confidence. Ma voix n’est qu’un souffle presque inaudible tandis que je réfléchis en même temps que je parle :

- Je t'ai parlé de ma vie, assez longtemps, puis je t’ai dit, juste avant que tu partes, je t’ai dit que…

C’est là que ça se corse vraiment. Est-ce que je devrais d’abord lui demander si elle connait un type appelé Sergueï ? Ou poser la question après avoir répété les mots du passé ? A force de tergiverser, je m’arrête au milieu de ma phrase. Je regarde le vide, songe un instant avec un pincement au cœur que j’ai zappé d’interroger Août au sujet de Joke. Puis finalement je me jette à l’eau, sans bouée de sauvetage :

- Je t’ai dit de laisser tomber un certain Sergueï. Et ton surnom, j’ignore comment je le connais.

J’ai volontairement tue l’allusion au « milieu ». Peut-être qu’elle n’est pas au courant et dans ce cas je préfère ne pas être celle qui lui en parlera. Ce n’est pas un mensonge, plutôt une moitié de vérité.

- Tu as une idée de qui il s’agit ?

Dame attend des explications de ma part, et moi j’hésite par manque de confiance. C’est proprement stupide et inutile, je pourrais éventuellement en dire plus. Mais à quoi cela sert-il ? Et quoi ajouter de plus ? Lui dire que j’ai tué, sûrement plusieurs fois et probablement pour le compte de ce Sergueï que nous connaissions toutes deux par le passé ? Tout aussi vain que ne pas lui faire confiance. Moi aussi j’attends. Qu’elle réponde. La première réaction se fait au niveau muet. D’abord elle secoue la tête. Non catégorique. Puis elle réfléchit. Presque un oui. Puis elle tente et c’est à moi de secouer la tête :

«  Hmmmmm, ça dépend, je sais pas trop. À quoi ressemblait-il ? Peau pâle, yeux bleus, cheveux décoiffés, grand, mais pas trop ?  »

Je n’en ai tout simplement aucune idée. Enfin, ce portrait évoque bien quelque chose de très vague pour moi, mais sans plus. Je me suis souvenue d’un nom, pas d’un visage. Il n’était pas là. Juste cette ville, une guitare, Dame et moi qui lui faisait la morale pour une raison inconnue.

- Il n’était pas là.

Et si… Je relève la tête avec un léger sourire, avec une idée parfaitement farfelue en tête. Disons plutôt que le raisonnement qui a donné cette idée est totalement bancal. Je fais :

- Je ne sais pas si c’est lui Sergueï, mais si tu as hésité comme ça, c’est que ce type dont tu parles faisait peut-être partie de te vie d’avant.

Simple supposition. Elle le sait déjà, à mon avis mais c’est toujours bon de le répéter. Je poursuis en me levant du sol inconfortable :

- Il y a peut-être aussi une chance que je le connaisse. Et qui sait, tu as peut-être raison et c’est peut-être ce Sergueï.

Ça fait beaucoup de « peut-être » en une seule phrase, je sais. Et je parle beaucoup trop, aussi. Mais il faut que j’énonce les faits, c’est rassurant et ça ne laisse plus de place au doute. Je tends la main vers Dame, mon sourire s’élargissant. Enfin un but et moyen de se sortir de cet endroit digne d’un « survival game ».

- S’il est ici… nous pourrions partir à sa recherche et lui poser directement la question.

Fin, s’il se souvient de rien non plus, ce sera compliqué. Partons du principe que le fait de reproduire des gestes du passé, ou de croiser des personnes connues déclenche l’apparition des sphères de lumière. Avant de partir, il faut que l’on vérifie si la horde des instruments tueurs est encore devant la porte. Après, déplacer le bureau de devant cette même porte serait une excellente idée pour réussir à sortir de ce bâtiment. J’ai presque tout dit, pas que je lui fasse confiance, mais c’est un bon début. Par contre, s’il y a une chose que je tairai, c’est que ce type que je ne connais plus que de nom est probablement mon patron.

Elle saisit ma main tendue et se relève. La brune m’a écouté attentivement jusque-là mais j’ai le sentiment que, dans le contexte, ce qui l’a plus fait réagir est ma dernière phrase. Pour preuve, elle a l’air presque soulagée. Comme si elle était heureuse en quelque sorte de ne pas se retrouver seule. Crois-moi, mieux vaut être seule qu’avec moi, je porte la poisse. Ou je l’attire, ce qui revient au même. Mais est-ce que j’ai vraiment le choix ? Dame est la seule qui connaisse le visage de Sergueï, du moins la seule que j’ai à portée de main, et si je veux savoir pourquoi nous avons tous été expédiés ici, j’ai tout intérêt à retrouver mon passé. Lui en faisant partie… Et puis… ce serait un mensonge de dire que la présence d’ « Ali’ » me dérange. Bon point pour elle, même si elle chante mal, ce n’est pas un boulet.

«  Attends ! Pourquoi tu as dis qu'il y a une chance que tu le connaisses ? Tu le connais ?  »

Elle a juste la très mauvaise habitude de poser les question auxquelles je en peux pas répondre. J’hausse les épaules en détournant le regard. Plus tard, peut-être, quand ce sera plus clair dans ma tête. Même si je me vois mal lui sortir : « Ah, au fait, j’ai sûrement assassiné une meuf pour le compte de ton très probable copain ». Exclu. Parfaitement exclu.  Heureusement, Dame ne devait pas s’attendre à une très grande coopération de ma part, parce qu’elle s’avance vers le bureau devant la porte et se retourne de moi, l’air de dire «  allez viens m’aider c’est le seul moyen de sortir ! ». Ce qu’elle confirme quelques secondes plus tard. Très mauvaise idée.

  «  HÈ RÉGIS ! J'sais pas si tu m'entends, mais on va bouger ton bureau, alors t'as qu'à venir le remettre en place quand t'auras le temps !!  »

Je secoue négativement la tête, pas certaine que tant de précipitation soit nécessaire.

- Touche pas au bureau pour l'instant, on ne peut pas sortir à moins d’être sûres et certaines que les instruments ont disparus. Et si ce n’est pas le cas… allons faire un tour dans cette salle d’arme dont a parlé Régis avant.

Etant donné qu’on va devoir fonctionner à deux, autant que je le lui demande son avis au préalable. Parce que sérieusement, je préfèrerai cent fois me trimballer avec un Glock ou un Beretta qu’avec un petit couteau-suisse, aussi utile contre les rongeur mutant soit-il, pour affronter les monstres de cette ville.

On va là !

A tâtons le blond sorti de la salle d'arme, finissant par trouver une banquette sur laquelle il s'installa, fermant ses yeux désormais inutiles - qui pouvait prétendre pouvoir s'en sortir en ne voyant que des formes floues ? Il s'affala, croisant les bras sur la table devant lui et fermant les yeux. Ca sentait la poussière, mais ce n'était certainement pas ça qui l'empêcherait de se reposer.
Il ferma les yeux, somnolant doucement.

- Ouais je pense que ça ne sert à rien de rester ici.

Elle a trois balles, apparemment. Avec les miennes, ça fait sept. Sept malheureux projectiles contre tous les monstres de cette foutues ville. Et vu que nous n’avions pas vraiment l’air de tireuses d’élites, elles ne risquaient pas d’en toucher beaucoup. Tant pis. Nous retournons dans le hall. J’espère de tout cœur que la fanfare s’est lassée de nous attendre. Avant d’entreprendre quoi que ce soit avec le bureau devant la porte, je jette un coup d’œil par l’une des fenêtres donnant sur la rue. Nada. Soit ils sont partis, soit ils se cachent. Vachement tordus pour des instruments, quand même.

- Aide-moi, on va bouger le bureau. Clow n’aura qu’à le remettre tout seul quand on sera sorties.

Un peu égoïste comme remarque, mais nous n'en sommes plus à un détail près, ce type est assez grand pour se débrouiller seul. Et je me mets à pousser. J’ignore ce que je veux, au juste. J’ai une arme, un « pseudo-but » et pourtant je ne peux m’empêcher de penser au blasé qui est monté sur le toit. Août est le seul à savoir où est Joke. L’idée d’aller le lui demander m’effleure un instant avant de me quitter totalement. Tu as une chance monstre, si t’es tombée sur lui sans prévenir, tu pourrais retrouver Joke de la même façon. Pour l’instant le plus important est de… Retrouver Sergueï. Et découvrir pourquoi nous sommes tous ici.