Oh my mind's racing, chasing pirates. ♫

Elle scrute encore les grands yeux verts d’enfant du petit corps atterri entre ses bras, jusqu’à ce que sa propriétaire se décide à replacer ses deux pieds sur terre. Et elle se mord la lèvre, se demandant si la petite aussi, a ressenti ce souvenir en elle, ou, étant donné qu’il ne lui était pas destiné, n’en a été que spectatrice, ce qui aurait été logique. Enfin, elle en sort, sourit, de ce sourire qui d’après elle aurait collé à une gamine faussement innocente dans un film d’horreur de seconde zone. Tant qu’on n’a pas eu droit à ses poupées démembrées. Tellement sincère, dans un cadre tellement… Décalé. La jeune femme s’apprête à pousser un soupir de soulagement, qui lui reste en travers de la gorge quand la barbe à papa sur pattes lui débite ce qui lui semble être tout droit sorti de contes de fées.

Oh. Effectivement. Elle tique en comprenant que dorénavant, dans la tête de la petite, elle s’appelle Aurore. Bien sûr. Elle a tout d’une princesse. Les cheveux, la voix, le corps, les manières, le caractère de merde. Par pure politesse, et surtout par manque d’envie de débattre d’un tel sujet avec elle, elle se contente de hocher la tête et de l’écarter gentiment, se relevant en même temps, alors que le brun se met à nouveau à afficher sa supériorité toute mâle. Monsieur n’est jamais ébranlé, et quoi qu’il ait vu, ça semble l’avoir calmé, et rendu son machisme dans son intégralité dans la même occasion. Bah. Entre peste et choléra… Ne lui répond d’abord pas, jugeant cela totalement inutile, et pas vraiment dans ses préoccupations primaires. Planté devant lui, bras croisés, elle le toisa, sans gêne, sans insistance non plus. Est-ce-que ç’aurait été lui ? Il avait le manque de self-control nécessaire. Seulement, dans ce souvenir, l’action paraissait totalement dirigée. Et, elle avait vu cette cicatrice. Nette. Trop nette. Si ç’avait été lui, il se serait certainement contenté de la menacer, comme tout à l’heure, ou de lui planter son couteau entre les cotes. Quelque part, elle avait la sensation que c’était simplement un enfoiré de première, violent. L’homme de son souvenir lui semblait trop… Mesquin, sadique de nature. Elle hocha la tête, l’air mi dépitée mi soulagée. Oui ce type était à éviter. Mais de manque en coup de chance, elle savait à peu près à quoi s’en attendre.

De toute façon, ce n’est pas comme si elle allait passer son temps avec eux. Elle fronça le nez quand l’odeur de la clope vint flirter sous son nez, infâme. La petite se dirigeait à l’étage, l’autre s’en allumait une. Bien. Elle fit demi-tour sur ses talons, s’apprêtant à quitter le couloir, lorsqu’elle remarqua le drôle de livre de la petite. Sans prendre la peine de s’arrêter, elle le ramassa au passage, avant de quitter le couloir pour s’installer sur le canapé, dans le salon juste à côté, cherchant l’interrupteur du bout des doigts. Même cirque que dans la cuisine ; trois spots faiblards, brillant vaguement au plafond.
Et puis, un bruit dehors. Rien d’aussi énorme que le ramdam que le brun et elle ont pu faire tout à l’heure, mais parfaitement audible pour qui sait tendre l’oreille tout de même, bien qu’on ait du mal à distinguer le bruit des semelles sur l’asphalte. Il fallait bien que le boucan qu’ils font depuis tout à l’heure attire quelqu’un. C’était un peu l’ordre inévitable des choses. Avec cette fichue ville, on ne pouvait même pas savoir ce qui allait leur tomber dessus. En voyant la porte s’ouvrir sur le gamin du train, elle ne tarda pas à bien vite détourner son attention, pour en revenir au salon. À sa question, elle releva lentement la tête vers lui. Record battu. À peine dix secondes la bouche ouverte et déjà il te tape sur le système, hein ? Même pas. Juste que répondre à une question aussi… Inutile. Et surtout, même si elle n’en montrait rien, elle était fatiguée, autant mentalement que physiquement, sans trop bien savoir pourquoi. Elle siffla de dépit, envers ces saloperies de lumières, la tension, et, oui, aussi le petit blond, et, posée sur la banquette, ouvrit le tiroir de la table basse. De ceux très peu hauts, mais profonds, faisant presque toute la surface du meuble. Des papiers, quelques stylos. Mais rien qui lui indique où ils pouvaient être, ni ce que qu’ils pouvaient bien faire ici, ou encore pourquoi personne n’était plus dans cette ville, apparemment. Elle farfouilla sans grande conviction, avant de se stopper. Parce qu’elle avait beau être convaincue -ou presque- du contraire, quelque part, ça faisait une coïncidence de trop.

▬ Dis. Dans ton souvenir. Tu t’es retrouvé dans le même genre de situation qu’il y a quelques minutes ?

Spoiler:

La gamine, tout en en se dirigeant vers ce qu'il semblait la salle de bain au vu de son exclamation précédente, lui aggripa sa veste en disant qu'elle allait l'aider à retrouver son histoire avec les étoiles. Yeah, right. Il tira sur sa cigarette, soufflant avec soulagement. La brune alla s'asseoir dans un canapé dans le salon, et lui resta un instant planté là, avant de décider de se rendre à la cuisine pour voir s'il n'y y avait pas un truc qu'il pourrait manger, parce qu'il avait toujours la dalle, après tout ce qui s'était passé. Il entra donc dans la cuisine et fouilla dans les placards, cherchant un peu partout. Il pu rassembler quelques conserves, notamment de ravioli, de thon et d'autres trucs semblables, ainsi qu'une barre de chocolat, qu'il fourra dans sa poche immédiatement. Il avait aussi aperçu un sac de chips, mais il n'était pas certain que la date d'expiration n'était pas il y a dix ans.

Il n'avait pas de sac, donc il ne pouvait rassembler quoi que ce soit, alors il pris simplement une boîte de ravioli, puis chercha le micro-ondes, qui était sale à souhait - pas que ça le dérangeait vraiment - avant de mettre sa conserve dedans - après l'avoir ouverte. Tant pis si ça faisait exploser le micro-ondes parce que c'était du métal, au moins son plat serait chaud. Heureusement rien n'explosa et il sortit sa conserve du micro-ondes, avant de chercher un peu partout pour une fourchette, qu'il ne trouva pas, mais il réussi à trouver une grosse cuillière en bois. Tant pis, il mangerait avec ça. Il se rendit donc dans le salon, après avoir distraitement entendu la voix du gamin blond qui était vraisemblablement entré. Il lui jeta à peine un coup d'oeil en passant à côté de lui, puis s'arrêta lorsque la brune s'adressa à lui.

Avant de lui répondre, il s'assit sur le canapé en face d'elle et commença à manger son repas.

- Pourquoi j't'le dirais?

C'est vrai, pourquoi il dévoilerait de l'information, comme ça, pour rien? Il continua à manger bruyamment, se remplissant peu à peu la panse. Ça lui faisait incroyablement de bien, de manger comme ça, parce que n'empêche tout ce qui était arrivé ça lui avait creusé l'appétit. Il termina de manger, et soudain une certaine lourdeur le prit, il se sentait bien, il piquerait bien un petit somme. Il s'étendit de tout son long sur le canapé et laissa un de ses bras choir hors du canapé alors qu'il repliait l'autre sous sa tête.

- M'enfin, si tu veux tout savoir, et puisque je me sens clément, oui. C'était pratiquement pareil.

Puis il ferma les yeux, et directement, tomba dans le sommeil, sans pouvoir s'en empêcher. Il n'en voyait pas de raison, d'ailleurs.

Vraiment, petite, tu n'as pas la moindre once de pudeur que devrait normalement avoir les filles de ton âge. Tu n'est quand même pas une enfant qui doit demander la permission pour aller aux toilette, si ? Quoi qu'il en soit, tu as vite fait ta petite affaire avant de baisser la cuvette des toilettes et de tirer la chasse. Tirer la chasse ? Ah non. Tu as appuyé sur le petit bouton métalique, mais rien ne se passe. Aucun bruit, aucune chasse. Tu continue d'appuyer une bonne dizaine de fois avant d'abandonner. Les toilettes sont cassés ? T'es vraiment pas douée ! Casser les toilettes chez les autres... Enfin, tu ne sais pas. Peut-être que c'est vraiment ta maison finalement. Qui sait ?

Couic couic couic. Tu tourne les talons pour aller au lavabo. Une fille sage doit se laver les mains, question d'hygiène, n'est-ce pas ? Tu retrousses les manches de ton peignoirs, te préparant à ouvrir le robinet, mais quelque chose t'arrête dans ton élan. La main droite encore posé sur le robinet, tes yeux fixes ton avant bras tendu. Ta peau clair se démarque légèrement de l'obscurité, et tu arrive à voir quelque chose dessus. Quelque chose de noir qui contraste avec la couleur de ta peau. Il y a quelque chose d'écrit dessus. Tu arrive à lire très nettement les lettres qui compose les deux mots, et ce point d'exclamation qui les termine. Cette écriture, tu ne l'as reconnaît pas. Est-ce la tienne ? « Don't forget ! » Don't forget... Ne pas oublier... Mais ne pas oublier quoi ? Tu ne te souviens de rien si ce n'est que ces vagues rêves sans aucun sens. Du bout de de tes doigts, tu caresse légèrement l'inscription, et tu remarque autre chose. Comment ton esprit vagabond a-t-il pu ne pas voir tout cela plus tôt ? Si des lettres noires recouvre ton avant-bras droit, de très nettes cicatrices blanchâtres couvre le gauche, formant une suite de chiffres en reliefs. Ainsi, même si tu ne pouvais les voir distinctement, tu sentais leur présence sous tes doigts. Ces derniers avaient aussi quelque chose d'anormal. Des tâches sombres étaient coincés sous le bout de tes ongles. Curieuse, tu les portes à ton nez. Une affreuse odeur métallique emplit tes narines, et tu paniques. Un cris strident digne d'un film d'horreur sort du fond de ton gosier pour retentir dans toute la maison. Enfin ! Tu as peur.

C'est la marque du monstre de l'ombre ! Le monstre t'a marqué durant ton sommeil, et c'est ainsi qu'il peut te suivre, te traquer dans l'obscurité ! Vite ! Vite ! Il faut faire disparaître la marque du monstre de l'ombre ! Tu tourne le robinet d'eau chaude en vitesse, mais... Rien. Pas de mince filet d'eau qui en coule. Rien du tout. Tu continue de le tourner, encore et encore, jusqu'à ce qu'il soit à fond, et tu fais de même pour le robinet d'eau froide. Toujours rien. Sans eau, comment enlever la marque du monstre de l'ombre ? Ton esprit paniqué ne ressent plus rien. Il veut juste enlever cette marque. Tu ne sens même pas ton corps te dire qu'il a sommeil. Sommeil ? Quelle bonne blague ! Tu viens de passé la soirée à t'endormir et te réveiller ! Tu ne peux pas avoir encore sommeil ! Mais avant même que tu ne puisse sortir de la salle de bain, dans l'espoir de trouver de l'eau dans la cuisine, ton corps tombe, lourd, sur le tapis du couloir. Hey ! Hey ! Réveilles-toi, gamine ! Ce n'est pas le moment de dormir, encore !

To: Promenons-nous, dans les bois, pendant que le loup y est pas ♫

Rien. Tu ne comprends rien, pauvre petit humain. Tu n'as aucune clé en main. La petite s'est volatilisée dans une autre pièce de la maison. Le camé et la nana échangent des propos sybillins sur des souvenirs et des ressentis.

Non, en fait tu ne piges carrément rien. Ils ont récupéré des souvenirs? Mais comment? Et pourquoi? Et.... Hmmm. Tu piquerais bien un petit somme, toi.
Ca n'a pas l'air naturel cette envie de dormir. Ca ne l'est sûrement pas. Cependant, tu t'adosses quand même contre un mur, assis en tailleur. Ca serait bête de se faire en plus une bosse en tombant raide endormi. Bizarre. En plus t'as rien bouffé. Enfin. Ca doit être juste un coup de pompe.

• Au fait,vous vous appelez co...

Trop tard, enfant, trop tard. Tu dors déjà.

To •Le Loch Ness pour de vrai? Whouaaaaaaaah!

Et que monsieur s'installe, bâfrant tranquillement en face d'elle. Mais qu'importe. Tant qu'il répond. Parce que cette incertitude la ravage. Elle ne veut pas savoir. Pourtant si. Débat intérieur. Négation. Non ; elle veut juste être certaine de pouvoir écarter définitivement cette option. Virer de bord, et tout lien possible avec l'individu qui continue de se remplir la panse bruyamment. Un tic agite ses sourcils lorsqu'il refuse d'abord, son front se plisse. Sa main continue de fouiller. Des papiers, mais rien d'intéressant. Jusqu'à ce que ses doigts rencontrent un papier plastifié. Barre de céréales. Fruits rouges, indique l'emballage. Bah ; de toute manière, tu crèves de faim, que tu saches si tu aimes ou pas, tu vas te jeter dessus. Mais non. Discrètement, sa main file vers la poche principale de son sac encore entrouverte et l'y dépose, ainsi que le bouquin de la gamine. Autant le mettre là pour l'instant. Bruits sourds à l'étage.

Une fois étalé sur le divan, elle releva brusquement la tête alors qu'il reprenait. Ainsi, leurs souvenirs étaient identiques. Pratiquement pareil. Non, se ressemblaient seulement. Lasse, elle laissa l'interrogation flotter. Elle ne sait pas vraiment quoi en penser. Le doute revient. Saloperie, hein ? Même si, au fond, elle était persuadée qu'il ne s'agissait pas de l'homme de son souvenir. Sans trop bien savoir pourquoi. Ses mots, peut-être. Il devait être dans sa nature de se prendre la tête. Mais après tout, cela relevait d'une certaine logique : cette situation les avait amenés chacun un souvenir reprenant le même schéma. Pas la peine de chercher plus loin. De toute façon, elle se sentait partir. Elle tenta vaguement de lutter, par pur esprit de contradiction, vit le brun s'endormir, le blondinet se laisser glisser doucement, et s'éteindre au beau milieu de sa phrase. Cette sensation de les voir tomber, les uns après les autres.

Sa tête vint se poser dans ses paumes, genoux soutenant ses coudes. Ne pas tomber. Un cri résonna à l'étage. Ses yeux s'écarquillèrent. Petite ? Son corps s'affaissa soudain, vaincu.

[Here she goes]

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