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In the cold light of the morning.

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Princesse mutante, suicidaire et maniaco-dépressive
Luna
« Princesse mutante, suicidaire et maniaco-dépressive »

Luna

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Fév - 10:31

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
Chute

Le souvenir de Chocolat l'avale tout entière. C'est comme le souvenir de Novembre : moins puissant que les siens, mais tout de même. La blondinette est allongée sur des coussins. Quelqu'un qu'Hécate n'a jamais vu lui lit une histoire. Elle a l'air tellement calme. Jusqu'à ce que l'homme, car c'est une voix d'homme, lui disent qu'ils doivent parler. Elle entend un mot, « diabète ». Elle sait ce que c'est, au fond d'elle, une maladie n'est-ce pas ? Alors la jeune fille est malade ? Depuis quand ? De quand date ce souvenir ? Le souvenir s'estompe alors qu'elle prend conscience de ce que ça veut dire, et elle revient durement à la réalité.

Devant elle, Chocolat tousse, vomit, de l'eau et tout ce qu'elle avait dans l'estomac. Hécate constate avec horreur que l'eau, aux abords immédiats de Chocolat, a une étrange couleur rouge pâle. Un rouge qu'elle commence à bien connaître. Rouge sang. Et puis il y a ces larmes qui coulent des yeux de Petite sœur. Des larmes de douleur, de tristesse, d'elle-ne-sait pas quoi.

Elle n'écoute plus rien. Un mouvement derrière elle finit par attirer son attention. Une lumière. Des phares. Le tacot. Le tacot de Novembre. Peut-être sa chance de le retrouver, ici, dans cette Ville. Par n'importe quel moyen. Elle attrape Chocolat sous les épaules, la tire hors de l'eau de la fontaine, et, comme Novembre l'avait fait, elle la soulève un peu comme une princesse. Frémit en se rendant compte à quel point la jeune fille est légère. Légère comme une plume. Elle n'a aucun mal à la porter en direction du tacot, même si elle trébuche parfois en jurant à cause de ses palmes.

Lorsqu'elle pose la main sur la poignée de la portière, et quelle tire... rien ne se passe. Tout simplement rien. La porte est fermée. Comme les quatre autres, constate-t-elle en faisant le tour du véhicule. Elle finit par se placer devant le véhicule, en plein dans la lumière des phares. Dépose son précieux fardeau sur le sol, devant elle. Et réfléchit. Que faire ? Que doit-on faire avec une voiture vivante qui ne veut pas ouvrir ses portes ? Car c'est ça, n'est-ce pas ? C'est qu'elle ne veut pas. Quelle autre raison expliquerait ça ?

Elle se sent trembler. Parce qu'elle a peur pour Chocolat, parce qu'elle veut retrouver Novembre, parce que son seul espoir jusqu'ici est une voiture bornée.

- Écoute....Petite voiture, écoute moi. Je ne sais même pas si tu m'entends...

Oui Hécate, c'est ça, parle à une voiture, tout va bien, ta santé mentale s'arranger, ça se voit.


- J'ai... j'ai besoin de toi, tu... je.... je dois retrouver Novembre. Novembre, tu sais qui c'est ? C'est celui qui m'a laissé cette clé.
Elle brandit la clé dans le faisceau des phares, la main tremblante. Il faut qu'on le retrouve. La ville... elle nous a séparés. Il faut que tu m'aide. Et Chocolat, elle est mal en point, elle saigne, je dois la mettre à l'abri. Il faut que tu m'aide.

Elle a l'impression de parler avec des phrases sans queue ni tête. De ne plus savoir quoi dire. Elle a l'impression qu'on lui a pompé ses mots en même temps que sa raison. Avec une hésitation, lentement, elle approche sa main du capot, la pose dessus avec douceur.

- Je t'en prie. Tu es mon seul espoir de le retrouver...

Aide moi, petite voiture, aide moi....



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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Fév - 22:49


    La conscience à moitié dispersée par la nausée et la douleur, Chocolat ne réalise pas tout à fait qu'elle a été tiré hors de l'eau. Les points qui dansaient devant son regard se sont transformés en taches sombres, des frissons irrépressibles la secouent de manière régulière et brusque, comme des vagues venant s'écraser sur le rivage pour y mourir.

    Trempée et semblant plus petite que jamais, la blondine se laisse porter et cherche à se rapprocher de la chaleur humaine que dégage Hécate.
    Une chaleur qui lui rappelle un peu celle de la cheminée et des coussins moelleux sous son corps chaud. Seulement, la voix de sa grande sœur n'a rien à voir à celle de l'homme lui murmurant une histoire d'enfant, de sorcière et de sucre. Qui était-il ?

    Puis, d'un coup, la jeune fille se retrouve posée sur une surface froide, le sol. Et elle lève son regard semi-aveugle et perdu vers la silhouette féminine qu'elle aperçoit tout juste. Et elle a peur, Chocolat. Ses oreilles se sont mises à siffler et elle n'entend plus ce que dit la brune, elle ne comprit pas non plus à qui elle s'adresse. Elles sont seules ici, seules avec une voiture.

    Effrayé à l'idée d'être abandonné et laisser seule et gelée. Chocolat ne parvient pas pour autant à se convaincre d'ouvrir la bouche, tant elle a peur de vomir à nouveau. Alors, elle reste simplement là, telle une jolie petite poupée de porcelaine. Belle, creuse, sourde et aveugle.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 20:35

La petite effrontée essayait-elle de l'amadouer ? Lui ? Le fier et seul tacot qui puisse prétendre à accueillir que les personnes dignes de ses agréables banquettes ? Comment pouvait-elle croire un seul instant que cela pourrait fonctionner, c'était mal connaître le véhicule. Non, il n'ouvrirait surement pas ses portes, qu'elle reste dehors, c'était sa place. Il ne prenait qu'une seule personne dans sa voiture et n'acceptait les autres qu'en sa présence. Le tacot ne voulait pas porter des personnes ridicules comme cette fille. Il l'avait vu minauder devant le maître. Il l'avait bien vu.

Elle pouvait le supplier, rien n'y changerait. Il n'y avait que son maître qui pouvait. Il fallait être classe. Point final. Pourtant l'effrontée continuait, elle ne lâchait pas l'affaire, agitant les clés tel un trophée. Elle utilise le nom du maître à tout bout de champ se donnant bonne conscience en pignant pitoyablement qu'elle voulait le retrouver. Elle n'avait qu'à y aller à pieds. Une personne classe comme le maître ne serait certainement pas rabaissé ainsi pour demander à entrer dans son habitacle.

Le tacot éteignit ses phares, signe qu'il n'était certainement pas question pour lui de la laisser monter. Avoir les clés n'était pas suffisant, il fallait le maître aussi. C'était la règle qu'il avait fixé, c'était nouveau, il venait de la trouver il en était tout fier !

Mais à côté de l'effrontée il y avait une autre fille. Il ne l'avait pas vu celle-là, elle semblait toute renfrognée, toute fragile. Pris d'un remord, la tacot fut contraint d'admettre que la pauvre demoiselle n'avait rien a voir avec sa querelle avec l'effrontée voleuse de clés. Le moteur se mit doucement en marche et les phares de rallumèrent, doucement, la voiture glissa sur le sol pour se porter à la hauteur de le blonde et une fois que sa portière arrière fut à niveau, elle s'ouvrit toute seule pour inviter la pauvre petite chose a y monter. Il fallait être galant avec les jolies demoiselles, pour sûr que le fabuleux maître l'aurait fait. L'effrontée pouvait remercier son amie.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 22:27


« Voilà. Y touche pas trop quand même, j'en ai pas cinq-cent à te passer, ok ? »

Novembre a fini de protéger se plaie. Pâques ajuste son bandeau pour qu'il chevauche la bande et la tienne un peu plus serrée contre son crâne. Elle aurait juré qu'il avait eu peur de lui faire mal. C'était gentil ça aussi.

" Je ferais attention, merci."

Il semble à nouveau se perdre dans ses pensées, mais pas longtemps puisqu'il enchaîne rapidement.

« Bon, t'as fini, on s'en va ? »

Question rhétorique, il s'est déjà retourné. Il a l'air remonté à bloc, ça fait plaisir à voir. Même s'il grimace en passant la porte. Il veut pas arrêter avec les idées noires ?

« Au fait... T'as pas vu, je sais pas... Une sorte de médicament un peu spécial, dans le coin ? »

Un médicament un peu spécial ? Elle a envie de lui demander des précisions mais sent qu'il n'en dira pas plus. Il n'aime pas les questions Novembre. Alors elle se contente de répondre :

"Non, désolée. Mais on va chercher ça aussi si tu veux."

Ils se mettent à marcher dans la rue qui semble sans fin. Mais elle n'est pas sans fin. Ils arrivent devant la fontaine. La fontaine du cauchemar. La fontaine où LSD l'a regardée dormir. La fontaine où elle a voulu le toucher. La fontaine où il l'a repoussée. La fontaine du souvenir avec Novembre. Mais elle a changé. Il y a des statues. Dont celle du Chat. Plus de traces fluorescentes, des assiettes remplies de mets qui semblent savoureux...

Mais Pâques ne s'attarde pas la dessus. Près de la fontaine il y a une fille. Brune. Près d'une voiture. La fille ? La voiture ? Manaphy - ce surnom... - approche sans dire un mot à Novembre. Elle vient se poser à côté de la Brune. Aux yeux verts. Près d'elle, allongée sur le sol, une... Poupée de porcelaine. Blonde, aux yeux verts. Blessée.

Pâques sort sa robe de son sac, en déchire un morceau et va le tremper dans l'eau de la fontaine. Elle s'approche de la blondinette s'agenouille et commence à nettoyer sa blessure. Elle enlève le bandage que Novembre lui a confectionné, soulève la tête de la jeune fille en douceur et enroule la bande à peine tâchée de sang autour de son crâne.

"C'est toi que cherche Novembre n'est-ce pas ? Va le rejoindre, il a besoin de toi je crois. Je m'occupe d'elle ne t'inquiète pas."


Dernière édition par Pâques le Jeu 28 Fév - 12:59, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 23:57

Non, il ne voulait pas chercher, il devait juste trouver. Et ça, c'était totalement différent. C'était la différence entre les gens naïfs et ceux qui voyaient toujours le monde trop noir. De toutes façons, elle ne savait pas pour le remède miracle qu'il espérait vainement obtenir. Si tant est qu'il en existe vraiment un, bien entendu. Donc ils marchèrent.

Longtemps.

Le temps d'arriver au bout de la rue, quoi. Et au bout de la rue, il y avait la voiture. Le vieux Tacot, qui avançait tout seul. Leur salut, dans cette ville de merde. Le moteur ronronnait encore, crachotant par moment. Oui, c'était bien sa voiture, maintenant. Pâque commença une nouvelle fois à passer devant lui pour accourir... Vers des inconnus, quelle surprise. Tellement naïve, cette fille. Le brun soupira. Vraiment...

Sauf que ce n'était pas tout à fait des inconnus, en face. Parce que dans le lot, il y avait Hécate. Novembre ne vit même pas la poupée blonde étalée sur le sol. Ni Pâques qui enlevait déjà son bandage pour le lui passer autour de la tête. Non, car il avait l'impression que son propre temps s'était arrêté. Comme si son cœur attendait un signal quelconque pour envoyer une nouvelle pulsation dans ses veines. Il resta en quelques sortes figé sur place, planté comme un piquet un peu en retrait du groupe de filles. En mode "réalisation." Sauf que la réalisation ne se faisait pas.

« Hécate... ? »

Il devait se trouver passablement stupide, à rester là, debout, à quelques mètres d'elle, sans esquisser le moindre geste, guettant sa réaction. Pourtant c'était bien elle, il n'y avait aucun doute possible.

Et il avisa le sang, sur ses mains. Le sang. Rouge sombre, rouge vif, rouge, rouge sang. Ce fut comme une décharge électrique pour lui. Comme s'il avait été réveillé par un seau d'eau froide. Comme si... Comme si... Comme s'il avait retrouvé Hécate avec les mains pleines de sang, en fait. Il n'y avait pas d'autre comparaison possible. Le signal était là, le temps s'était remis en marche, le sang battait ses veines à un rythme saccadé.

Il lâcha la valise - maudite valise, utile valise. Et se précipita à la rencontre de la brune. Tout en attrapant son poignet pour s'assurer qu'elle n'avait rien de grave, il la questionna en fronçant les sourcils, inquiet :

« Ça va, t'as rien ? Il s'est passé quoi ? »

Il ne lâcha pas Hécate. Ficha ses iris myosotis dans ses yeux verts piquetés d'étoiles.

« Tu... Tu m'as manqué » finit-il enfin par articuler.

Il ressentait comme un immense soulagement de l'avoir si vite retrouvée. De la savoir saine et sauve. Et encore majoritairement humaine. Et toujours belle. Et encore là. Et tellement... Bref, je vous passe toute la guimauve bien chiante qui pouvait lui passer par la tête à cet instant, vous en avez assez eu, hein ? Mais il n'en pensait pas moins. Voilà, il avait oublié Pâques. Oublié la blonde qu'il avait à peine entraperçue. Oublié le vieux tacot qui grondait toujours à côté.

Le brun écarta une mèche sombre du visage de sa Princesse Grenouille - oui oui, ce surnom allait rester, ce n'était même plus une question. Une foule de mots se bousculaient dans sa tête, mais aucun ne daigna franchir le cap de ses lèvres. Définitivement, il n'était pas fait pour les grands discours. Ni pour la parole tout court, d'ailleurs, mais ça, c'était un autre problème. Il lança un bref regard à la carcasse qui pétaradait toujours à côté d'eux, avant de reporter son attention sur Hécate :

« C'est toi qui l'a appelée ? Tu veux aller quelque part ? »

Elle aurait pu lui dire n'importe quoi, il n'aurait même pas cherché à comprendre. Il l'y aurait emmenée, tout simplement. Dommage que les deux boulets d'à côté soient là... Même si au final, il ne détestait pas Pâques et ne connaissait pas l'autre blondie, elles faisaient tache sur leur tableau.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 1:10

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
Tacot, tacot ♫

Dans son coeur, c'était la panique. Il y avait ce sang sur ses mains, le sang de Chocolat. Et il y avait cette voiture devant elle, qui refusait de s'ouvrir et de la laisser monter. Au moins se mettre à l'abri. L'odeur du sang allait attirer une bête quelconque et elles finiraient en aliment pour créature étrange. Bon, c'était peut-être mieux que de finir en grenouille mutante. Mais pour Chocolat, elle ne pouvait pas souhaiter une telle fin. Elle avait envie de pleurer des larmes de rage, de donner un coup de pied dans le capot de la voiture. Ouvre toi, bordel, ouvre toi ! On cherche Novembre, tu comprend ça, on cherche Novembre ! Quand les phares s'étaient éteints, elle avait eu l'impression que son cœur cessait de battre. Non. Non. Ne renonce pas. Pourquoi tu me fais ça, la voiture ? Je ne comprend pas, tu vois, je ne TE comprend pas !

Elle en était presque à frôler la crise de nerfs quand les phares s'étaient rallumés. La voiture avait-elle changé d'avis ? Elle roule lentement, vient se placer à côté d'elle, et une portière s'ouvre, enfin. A côté de Chocolat. Hécate le prend comme un coup au cœur. Puis oublie. Si la voiture veut bien de Chocolat, est-ce que ce n'est pas le plus important. Il faut mettre la petite blonde à l'abri. La protéger.


C'est au moment où elle se prépare à porter le fragile petit corps pour l'installer dans le véhicule qu'elle entend, par dessus le moteur du tacot, des pas. Des pas. Un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale tandis qu'elle se redresse avec lenteur. Amis ? Ennemis ? Impossible à dire. Et avec ses palmes qui handicapent, elle doute sérieusement de pouvoir défendre sa protégée en cas de problème.
La jeune fille qui déboule sous ses yeux est comme... comme une tornade. une tornade avec des cheveux bleus. Avec de l'énergie. Qui a l'air plutôt en bon état, excepté le bandage sur sa tête. Lorsqu'elle se penche sur Chocolat, Hécate ne peut s'empêcher de faire un léger mouvement comme pour protéger sa "petite sœur". On ne sait jamais. Mais la demoiselle n'a pas l'air menaçante, au contraire, elle applique de l'eau sur la vilaine plaie de la tête de la jeune fille blonde, retire son propre bandage pour panser la blessure.

Lorsqu'elle s'adresse à elle, cela semble presque irréel.

"C'est toi que cherche Novembre n'est-ce pas ? Va le rejoindre, il a besoin de toi je crois. Je m'occupe d'elle ne t'inquiète pas."

Novembre ? De quoi elle parle ? Comment connait-elle Novembre ? Comment sait-elle qu'ils se connaissent ? C'est seulement à ce moment là qu'elle prend conscience du son des pas. D'autres pas. Peu assurés. Qui viennent dans sa direction. Elle lève son regard vers les pas. Novembre. Elle voudrait se frotter les yeux. Se pincer, se mordre, même, pour vérifier qu'elle ne rêve pas. Que ce n'est pas une illusion créer par la Ville, ou par son estomac affamé.

Le contact des mains qui enserrent ses poignets la ramène sur terre. C'est la réalité. Pas une illusion. Réalité. Pas illusion. Elle a l'impression d'halluciner encore. Pourquoi est-ce qu'il était là, déjà ? Et elle, pourquoi est-ce qu'elle est là ? Ses paroles lui arrivent comme déformées, vides de sens. « Ça va, t'as rien ? Il s'est passé quoi ? », « Tu... Tu m'as manqué ». Aucune réponse ne lui vient. Elle ne comprend pas, son esprit ne veut pas assimiler. Comme un disque pré-enregistré, son cerveau semblait être formaté dans l'idée qu'elle ne le retrouverait pas avant longtemps, qu'elle allait devoir errer dans la ville, désespérée, et accepter le fait de devenir une grenouille d'ici peu. Et il n'y avait aucune autre possibilité. Alors pourquoi est-il là ?

La main qui effleure son visage déclenche un frisson, un imperceptible mouvement de recul. Elle suit le regard bleu qui se pose une seconde pour la voiture, se sent éprouver comme une pointe de jalousie. Ne regarde que moi ? Quelle blague. Mais après ce qu'avait fait la voiture... Attend ma belle. On parle d'une voiture, pas d'un être humain, comment ce tas de ferraille pourrait bien avoir des pensées aussi tordues ? Les yeux bleus se fixent de nouveau dans les siens. « C'est toi qui l'a appelée ? Tu veux aller quelque part ? »

C'est la tornade dans sa tête, l'espace d'un instant, puis le calme plat, et encore la tempête. Le disque a un défaut. Tressaute. Elle fait un pas en arrière, et dans ses yeux, la colère, la tristesse, l'affection, la déception, tout s'entremêle.

- OU EST-CE QUE JE VEUX ALLER ? NON MAIS SÉRIEUSEMENT ?! A TON AVIS, OÙ EST-CE QUE JE VEUX ALLER ?! ATTEND VOIR, JE CROIS QUE JE VOULAIS ALLER EN GUADELOUPE. OU À NEW-YORK. FAIRE DU SHOPPING ! T'ES CON OÙ TU LE FAIS EXPRÈS ?!

La suite s'étrangle dans sa gorge. Je te cherchais, je voulais aller là où tu étais, pourquoi tu crois que j'ai appelé ce crétin de tacot, hein ? Pour ses beaux phares ?! Elle baisse les yeux vers le sol. Incapable de dire où elle en est, incapable de contrôler sa colère, le flux d'émotions qui se disputent les dernières bribes encore saines de son cerveau. Elle vient de le retrouver, et elle ne sait pas sur quel pied danser. Alors qu'elle devrait se jeter dans ses bras, comme elle l'avait imaginé. Elle ne peut pas. Elle se tourne de nouveau vers Chocolat. Ne pas la laisser. Elle s'adresse à la fille aux cheveux bleu pétant.

- Dis, je ne sais pas comment tu t'appelles mais... merci. De prendre soin d'elle je veux dire. C'est une personne qui m'est chère.


Oui, une personne qui lui est chère depuis seulement quelques minutes. Mais qu'importe. C'est petite sœur. Elle n'ose pas se tourner vers Novembre, n'ose plus le regarder. Pour quoi faire ? Quoi dire ? Lui crier dessus, encore ? A quoi bon ?

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 1:44



    Chocolat avait énormément de mal à se concentrer sur tout ce qui l'entourait, elle pouvait sentir le désespoir de sa grande sœur et elle se demandait au travers des tâches et des bourdonnements qu'est-ce qu'il n'allait. La blondine n'avait pas oublié la douleur, mais elle avait juste du mal à la relier à l'état d'Hécate.
    Mais Chocolat, après tout, n'était peut-être pas la plus raisonnée des créatures survivant à Nulle-part, n'ayant même pas considéré un instant les pieds palmés de la brune comme important.

    Perdue dans le brouillard rouge, elle finit tout de même par remarquer un mouvement un côté d'elle et elle reconnut le bruit d'une portière qui s'ouvre. La voiture venait-elle de s'ouvrir toute seule ? C'était une voiture magique ? Et gentil en plus ? Si elle n'avait pas autant souffert et si elle n'avait pas été elle-même, elle aurait probablement pu afficher un sourire adorable, un sourire à voler les cœurs de quelques innocents garçons. Mais la jeune fille frissonna simplement.

    Puis tout s'accéléra d'un coup, lorsque des voix vinrent s'ajouter à celle-ci inquiète de sa grande sœur. Sa chaleur la quitta et une autre, inconnue, vint obscuir le reste. C'était une chaleur inconnue, qu'elle ne connaissait pas, un flash bleuté vint agresser sa vue blessée et la silhouette la touche, touche l'endroit où ça la frappe. Lui fait mal, elle lui fait mal, mais Chocolat est trop figé, trop effrayé pour laisser échapper le moindre son. La petite poupée tente de jeter un coup d’œil effrayé à sa Hécate, mais voilà, une nouvelle silhouette s'est ajouté au lot. Et c'est trop, c'est trop, trop de brouhaha, trop de silhouette, trop d'inconnu. Et ces mains inconnues qui la touche.

    Et elle reste figée et froide, la poupée, jusqu'à ce que les hurlements colériques de la brune lui envoient un spasme.
    Sans réfléchir et brusquement, Chocolat se redresse, à un vertige et repousse l'inconnue aux cheveux bleus.

    « Ne me touche PAS ! »

    Probablement, une de ses plus longues phrase.
    Effrayé, perdu, sans repères, tremblante, nauséeuse et toujours à moitié sourde et aveugle. Chocolat se redresse ou vacille dans le seul endroit qui lui semble...sûr.
    La voiture magique.

    La jeune fille claque la portière derrière elle et se blottit sur le sol. Murmurant pour elle-même, murmurant pour la voiture magique, d'une voix à peine audible.

    « Aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi, aide-moi. S'il-te-plaît. »

Padawan de Novembre
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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 2:16

Pâques entend. Elle ne réagit pas, concentrée sur sa tâche, mais elle entend. Novembre qui arrive. Novembre qui devient miel quand il comprend qu'il a retrouvé la femme qu'il aime. Parce que oui, Novembre est amoureux, même s'il ne l'admettra jamais.

« Ça va, t'as rien ? Il s'est passé quoi ? Tu... Tu m'as manqué ».

C'est mignon. Pâques se prend à sourire. Non, elle n'est pas jalouse. Juste un peu envieuse en pensant à LSD qui est loin d'elle. Mais elle le retrouvera, il faut d'abord qu'elle s'occupe de la petite blonde. Elle a besoin de soins, de repos et de calme.

Enfin, pour le calme on repassera. Parce que quand Novembre est amoureux, Novembre est un boulet. Et oui, grande nouvelle. Elle croit presque avoir mal entendu :

« C'est toi qui l'a appelée ? Tu veux aller quelque part ? »

Mais t'es con ou quoi ?! Ben ouais, l'amour ça rend stupide faut croire. Et d'ailleurs, la brune le lui fait bruyamment remarquer. Mais genre très bruyamment :

" OU EST-CE QUE JE VEUX ALLER ? NON MAIS SÉRIEUSEMENT ?! A TON AVIS, OÙ EST-CE QUE JE VEUX ALLER ?! ATTEND VOIR, JE CROIS QUE JE VOULAIS ALLER EN GUADELOUPE. OU À NEW-YORK. FAIRE DU SHOPPING ! T'ES CON OÙ TU LE FAIS EXPRÈS ?! "

Pâques hallucine. On a pas idée de gueuler comme ça devant une malade ! Au pire elle lui en fou une, c'est efficace, silencieux ou presque et ça le fera réagir... Mais avant qu'elle ait le temps de la réprimander, elle lui parle, plus calmement :

" Dis, je ne sais pas comment tu t'appelles mais... merci. De prendre soin d'elle je veux dire. C'est une personne qui m'est chère."

" Je m'appelle Pâques. Et toi ? "

Soudain, la poupée de porcelaine s'agite dans ses bras. Elle a dû lui faire mal sans faire attention. Quelle idiote ! Mais avant d'avoir le temps de s'excuser, la jeune fille la repousse :

« Ne me touche PAS ! »

Avant que Pâques réalise, elle s'est enfermée dans la voiture. Alors là, ça fait trop. Beaucoup trop. Novembre qui devient romantique, le cri de la brune qui lui a vrillé les tympans, la fuite de la blonde, sa tête qui tourne d'avoir été trop vivement repoussée, une fois de plus...

Elle se lève et elle se dirige vers la Fontaine. L'eau soulagera sa douleur, lui fera oublier. Elle s'immerge et plonge, vers le fond, toujours plus vers le fond...





Petit Chaperon Rouge
Novembre
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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 14:10

Foudroyé. Voilà, il se sentait aussi bien que s'il avait été frappé par l'éclair le plus puissant des cieux. Mais pas dans le bon sens du terme, évidemment. Plutôt dans le sens de la claque rageuse, de la douche froide après un bon bain chaud, de... De... D'une Hécate qui pétait encore son câble, comme à chaque fois qu'il lui disait quelque chose. Oui, c'était ça, l'effet d'un ouragan sans pitié qui lui avait sauvagement arraché le cœur. Broyé, déchiqueté, éparpillé.

Et il en était là. Là et nulle part ailleurs. La demoiselle blonde comptait pour Hécate, hein ? Et ben tant mieux pour toi ! C'est ça, reste avec ta blonde, puisqu'elle et si importante. J'vois pas pourquoi je continue à espérer, de toutes façons. Dès que ça va un peu mieux j'suis le connard inutile que tu veux même plus voir, alors ça sert à rien que je reste là. Amertume, déception. Il faisait beau dehors, hein ? Oui, c'était ça, penser à autre chose. Ne plus se montrer faible. Être égoïste, ça avait du bon, au fond, non ? Son regard se durcit, animé par un regret froid et résigné. Mais c'étaitt une colère contenue qui perça dans sa voix :

« Ouais, c'est ça. T'as raison. J'suis con de m'inquiéter pour toi. En fait je vois même pas pourquoi je t'ai cherché, vu que je perds mon temps avec toi. »

C'est ça, baisse les yeux, tourne-toi, ignore-moi. Fais comme si j'existais pas, surtout. Comme si je comptais pas. Était-ce le cas ? Il voulait s'en moquer. Mais il n'y arrivait pas. Et Pâques qui se présentait, et la blonde qui se mettait à hurler et à se réfugier dans la voiture, nianianiah. Et Hécate qui lui tournait résolument le dos. Et dire qu'à un moment, les disputes lui avaient presque manquées. Il regretta aussitôt cette pensée désespérée. Non, en fait il préférait largement déambuler dans les rues désertes de la ville à la recherche d'une demoiselle-grenouille pendant des heures plutôt que de se retrouver là, devant elle, dans cet état d'esprit. Il avait sans doute projeté trop de rêves déçus sur la brune furibonde.

Il s'avança d'un pas rageur vers Hécate et lui empoigna l'épaule pour lui faire faire volte-face, sans aucune délicatesse. Oui, parce que niveau délicatesse, il avait déjà donné, assez pour toute une vie, croyait-il, et au bout d'un moment, il fallait arrêter le massacre.

« Mais regarde-moi au moins, quand je te parle ! »

Il prit une grande inspiration pour tenter de se calmer. Un peu. N'avait-il pas déjà assez crié, aujourd'hui ? Et il poursuivit plus bas, incisif :

« Écoute bien ce que je vais te dire, Hécate, parce que je suis pas prêt de le répéter. Tout ce que je t'ai dit au centre commercial et au restaurant, je le pensais. Je t'ai dit que je te laisserai pas tomber, et je compte pas le faire maintenant. Mais compte plus sur moi pour jouer le gentil pigeon qui te console dès que tu pleures. Ni pour venir te réconforter quand ça va mal. Ni pour rien d'autre, en fait. Je vois pas pourquoi je continue à te chercher un médoc miracle qui n'existe probablement pas vu comment tu me traites. Alors ouais, j'vais rester, j'te traînerai derrière moi s'il le faut, et je me rattraperai pour le coup de la piscine. Mais après, c'est bye bye Lady Frog, c'est clair ? »

Et encore. Il avait été tenté de dire "Frog lady." Il avait été gentil, non ? Non. Non il avait été carrément ignoble, de lui rappeler sa grenouillitude, alors qu'il avait tant espéré la revoir sans ses palmes. Mais à Nulle-Part, il n'y avait pas de solution miracle. Et il était aussi cruel avec elle qu'avec lui-même, parce qu'au fond, chaque mot, chaque syllabe, chaque intonation était une véritable torture.

S'il était furieux contre quelqu'un, c'était contre lui-même. Parce qu'il était incapable de dire "je t'aime." Ou même "désolé de t'avoir vexée." Il la relâcha finalement, déçu. Avant d'entendre un "plouf" totalement pas normal. Le brun tourna vivement la tête, s'attendant à de nouveaux problèmes. Et vit de justesse la tête de Pâques qui disparaissait dans la fontaine. Qui disparaissait, et qui ne remontait pas.

« Et toi, c'est pas le moment de faire trempette ! » Grogna-t-il en l'attrapant par la capuche pour la faire remonter à la surface. « Putain mais faut vous surveiller tout le temps ou quoi ? Pâques, tu veux finir comme la blonde, là, avec le crâne encore plus pété ? Nan. Nan tu veux pas, alors tu sors de là et tu me remets ce bandage toute seule. »

Nouveau soupir excédé. Qu'est-ce qui l'agaçait le plus, être entouré de deux gamines et d'une brune qui le prenait pour son nounours quand elle avait peur ou bien se sentir obligé de pousser un coup de gueule toutes les cinq minutes pour avoir la paix ? Non, ce qui l'énervait vraiment, c'était que dans l'histoire, il devait encore être le seul blaireau à se faire du soucis pour les autres. Et il détestait ça. Et il s'en voulait. Et jamais il ne le leur dirait.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 17:23

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h

« Ne me touche PAS ! »

Le hurlement de petite sœur lui déchire le cœur. Que se passe-t-il ? Est-ce qu'elle a peur, est-ce qu'elle a mal ? Pourtant, celle qui vient de se présenter comme étant Pâques -un nom aux saveurs sucrées- ne semble pas avoir fait de geste brusque, ne l'a pas heurtée... Lorsque la petite blondinette se relève en titubant, Hécate veut faire un pas, la rattraper, la retenir.

Sauf qu'il y a Novembre. Qui, semble-t-il, n'a pas envie de lui passer sa nouvelle crise. Les premiers mots parviennent à peine à ses oreilles. « Ouais, c'est ça. T'as raison. J'suis con de m'inquiéter pour toi. En fait je vois même pas pourquoi je t'ai cherché, vu que je perds mon temps avec toi. » Elle aurait régit, si il n'y avait pas Chocolat, Chocolat qui ouvre la portière de la voiture, qui se jette dedans. Elle veut la rattraper. C'est elle qui est rattrapée par Novembre. Par les épaules. Forcée de le regarder. Et dans son regard, elle peut lire ce qu'elle aurait voulut oublier. Le parking, la gifle, le souvenir, le placard. De la colère, de l'amertume. Et malgré la demande du brun, elle rêve de ne plus le regarder, de ne plus l'écouter, de partir très loin, pour oublier ces mauvais moments. Les mains sur ses épaules l'en empêchent, cruellement.

Et les mots de Novembre la crucifient sur place, chaque fois un peu plus. "Tout. Je le pensais. Te laisserai pas tomber. Compte plus sur moi pour jouer le gentil pigeon. Ni te réconforter quand ça va mal. Ni pour rien d'autre, en fait. Médoc miracle n'existe pas. Comment tu me traites. Rester. Te traînerai. ". Comme des piques plantés dans son cœur. Le dernier est tout simplement l’apothéose de ce grand feu d'artifice. "Bye bye Lady Frog"

Elle reste un instant comme étourdie. Ce n'est que lorsqu'il la lâche enfin, pour aller repêcher Pâques dans la fontaine que son esprit assimile correctement les données. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle sent sa vision se flouter, ses yeux se remplir de larmes, et ces mêmes larmes se répandre sur ses joues. Pourquoi est-ce que je pleure, moi ? Ah oui, c'est vrai... Oui, c'est vrai, elle va se transformer en ignoble grenouille. C'est tout à fait normal qu'il réagisse comme ça. Normal qu'il la rejette. Rejetée. Car c'est bien ça qui lui arrive, n'est-ce pas ? Il vient de la rejeter. Et cette prise de conscience, c'est comme un coup de massue. Assommée.

Et maintenant ? Maintenant, qu'est-ce qu'elle allait faire ? Maintenant que le seul objectif de sa vie partait en fumée. Retrouver Novembre. Voilà, c'est fait. T'es contente ? C'était franchement inutile. Elle ouvre la bouche. Cherche ses mots. Il lui semble mettre une éternité à les trouver, et chacun d’entre eux égratigne son cœur en franchissant ses lèvres.

- T'as raison. A quoi bon me chercher. A quoi bon tout ça ? Pourquoi est-ce que je me suis tellement inquiétée ? Pourquoi est-ce que j'ai tellement attendu ce stupide tas de ferraille en pensant qu'il saurait où te trouver ?

Les larmes débordent de nouveau, et elle les essuie, les unes après les autres. Maitrise toi, Hécate, bordel, maitrise toi ! Arrête de trembler. Arrête !

- Ne gaspille pas ton temps pour Lady Frog. Surtout si c'est pour te faire la malle après. J'ai pas besoin de ta compassion, et ta culpabilité pour la piscine, je m'en tape, c'est clair ? Alors va t'en, retourne dans ton monde, retourne dealer. Je... je.ne.veux.pas.de.ta.pitié. Elle détache chacun des mots avec une application désespérée. Et embarque cette voiture idiote avec toi.

La voiture. Chocolat. Soudain, elle se rend compte. Petite sœur. A l'intérieur. Elle s'approche du tacot à grandes enjambées. Non. Ne pas lui laisser petite sœur, pas à cette voiture, pas à Sa voiture à Lui. ne pas le laisser emmener la blondinette. Elle a l'impression de devenir folle, tout se mélange dans sa tête. Elle se met à tambouriner contre la portière, de toutes ses forces.

- Rend la moi ! Rend moi petite sœur, stupide voiture ! Rend la moi ! Je t'interdit de me la prendre ! Je t'interdit de me l'enlever ! Tu entends ?! Je te l'interdit ! Ouvre cette portière ! REND LA MOI !!

Elle se laisse tomber à genoux devant la portière, des larmes de rage et de désespoir débordant de nouveau, elle a envie de rire, de rire nerveusement. Ses poings frappent encore la carrosserie, faiblement, et le filet de voix qui sort de ses lèvres n'est plus qu'un murmure.

- Rend la moi... Novembre te suffit pas, c'est ça ? Tu veux aussi me prendre petite sœur ? Rend la moi...

Oui, folle, elle était en train de devenir folle. T'es contente, la Ville ? T'as gagné, tu l'as atteint, ton objectif !


Dernière édition par Hécate le Ven 1 Mar - 4:16, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 21:17

Elle aimerait laisser éclater sa joie. Ses petits jouets lui offrent un spectacle sans cesse renouvelé. Comme ceux là, près de la fontaine. Ne méritent-ils pas une... récompense ? Doucement, quatre souvenirs viennent flotter devant leurs visages. Un chacun, chères petites marionnettes. Qu'allez vous faire ?

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 20:15

« Et toi, c'est pas le moment de faire trempette ! Putain mais faut vous surveiller tout le temps ou quoi ? Pâques, tu veux finir comme la blonde, là, avec le crâne encore plus pété ? Nan. Nan tu veux pas, alors tu sors de là et tu me remets ce bandage toute seule. »

Pâques respire l'air frais qui s'introduit dans ses poumons. Sa tête tourne un peu plus, Novembre n'a pas été tendre. Pourquoi l'a t-il sortie de là ? Elle n'a rien demandé elle, qu'il gère ses retrouvailles avec la brune et qu'il la laisse tranquille. En plus il s'y prend comme un naze alors il ferait mieux de s'occuper d'elle et de la laisser se baigner. Il a eu peur pour toi... Peur pour elle ? Novembre peur pour elle ? Ah oui, peut-être... Pâques se radoucit.

"Je vais bien t'inquiète. Mais si vous continuez à me secouer la blonde et toi ça va pas durer..."

Un peu plus loin, la brune parle. Mais l'eau dans les oreilles de Pâques l'empêche de discerner ses paroles. Elle a l'air malheureuse. Terriblement malheureuse. Manaphy regarde Novembre à la dérobée. Il ne peut donc pas s'empêcher de dire des bêtises ? Lui aussi il a l'air énervé et malheureux... Et elle ne supporte pas ça.

"Va la consoler. Tu tiens à elle non ? Tu peux pas la laisser comme ça..."

Une nouvelle boule lumineuse vient tourner autour d'elle. Encore... Pâques a peur. Elle tremble. Elle ne veut pas. Mais Novembre... Novembre est là, il la pousse a être forte, à accepter son passé... A découvrir qui elle est. Alors elle reste dans l'eau et effleure la sphère du bout des doigts, angoissée mais résolue.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 20:48

Oui il tenait à elle. Beaucoup trop. Parce qu'il était stupide. Assez stupide pour tomber amoureux de la première demoiselle grenouille venue. Il n'irait pas la consoler. Il lui avait dit, il ne voulait plus de ça. Il ne voulait plus être le doudou sur lequel elle irait pleurer dès qu'elle aurait un problème. C'était terminé, ça. Fini. La mâchoire du brun se crispa subrepticement, alors qu'Hécate se défoulait contre la voiture. Sa voiture. Mais vu son état de décomposition déjà bien avancé, il ne s'en offusqua pas. Ce n'était pas tant l'acte que sa raison qui le révoltait. "Petite sœur" ? Depuis quand elle avait une sœur ? Pour autant, il n'osa pas se retourner. À croire qu'il lui suffisait d'entendre la souffrance d'Hécate pour être lâche.

Puis des souvenirs, un troupeau de souvenirs, une vague de souvenirs. Des boules lumineuses apparurent un peu partout autour de la fontaine. Il vit Pâques frôler le sien d'une main tremblante, puis se figer dans une vision de son passé. Tirant plus fort sur sa capuche, il la hissa sur le rebord de la fontaine pour lui éviter de se noyer pendant qu'elle assistait à son souvenir, et toisa la sphère jaune qui dansait timidement devant ses yeux, méfiant. Que faire de ce souvenir ? N'était-ce pas plus simple de profiter de la situation pour partir avec la voiture - partir, encore - ? Et pour faire quoi ? Pour "retourner dealer" ?

« Pleure pas Hécate. J'vais l'ouvrir, ta portière. »

Mais pour l'instant la blonde est en sécurité dans la voiture, et nous on va pas être très dispos en cas d'attaque de ronces ou de loups, donc pas tout de suite. Les souvenirs, c'était chiant. C'était merdique, c'était douloureux. Mais ça gagnait du temps. Le temps, celui qui leur était compté. Le temps, la ressource qui semblait la plus précieuse à Nulle-Part. Alors pour gagner ce temps, pour survivre dans la Ville, était-il prêt à affronter son passé une nouvelle fois ? À abandonner Hécate à sa tristesse ?

Il hésita.

La main droite de Novembre se referma sur la sphère éclatante.

C'était si simple de s'enfuir.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 21:16

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
No Color~

    Dans le flou de son esprit embrouillé et abruti par la douleur, Chocolat imagine un feu et un lit qui la réchauffe, elle imagine une main affectueuse qui passe dans ses cheveux tout en lui racontant l'histoire d'Hansel et Gretel. La blondine peut sentir l'odeur de la brioche chaude et le croquant des cookies chocolat-noisette sous ses dents. Si elle était capable de se concentrer plus elle pourrait peut-être tenter d'en imaginer le goût. Ou même d'essayer d'entre apercevoir le visage du garçon au grand fauteuil.
    Mais voilà, à chaque fois que la jeune fille tente de se concentrer, la douleur de son crâne s'amplifie et elle a l'impression qu'il est sur le point de se fendre en deux. Comme une noix bien mûre.

    Alors, Chocolat essaie simplement de se remettre à dériver dans la chaleur et la douceur de son dernier souvenir. Seulement quelque chose s'est mis à tambouriner juste à côté de sa tête, elle gémit, le bruit augmentant le sifflement dans ses oreilles. Mais elle reconnaît la voix, c'est celle de grande sœur et elle semble si triste.

    Tâtonnante, sa petite main délicate et blanche commence à chercher la poignée de portière avant de s'arrêter net sur la boule lumineuse qui la rejointe. Et la petite poupée retombe à nouveau inanimée, entraîner dans sa mémoire cassée.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 22:04

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
Beau malheur

Elle est perdue. Perdue dans une masse de pensées étouffantes, entêtantes. Dévorantes. Elle n'arrive plus à entendre quoi que ce soit qui vient du monde extérieur. Comme si ses poings, en martelant la carrosserie du tacot, ne produisaient qu'un peu plus de silence. En réalité, il y avait bien quelques sons. Les battements de son cœur, le sang qui battait à ses tempes. Elle avait comme une conscience accrue de son corps. Renfermée, isolée du monde, comme dans du coton. Horrible coton, coton de tristesse, coton d'incompréhension. Ou au contraire. Elle comprend trop bien. Le mot "rejetée" clignote en lettres d'or dans son esprit. Merveilleux.

« Pleure pas Hécate. J'vais l'ouvrir, ta portière. »

Le silence éclate, le son explose dans ses oreilles. Putain. Mais tu comprend que dalle, Novembre, que dalle ! Qu'est-ce que j'en ai à faire de ta voiture ?! C'est TOI que je veux ! Il est donc tellement important à tes yeux, ce tacot ? Super. Génial. Super. Vraiment. Elle est incapable de se reprendre. Incapable de se contrôler.

Et puis il y avait quelque chose de pas très net, soudain. Le silence. Le vrai silence cette fois. Elle fait volte face. Se fige soudain, le nez à quelques centimètres d'un souvenir. Un souvenir ? Pour elle ? Sa respiration s'emballe. Elle lève les yeux. Novembre et Pâques semblent absents. Des souvenirs, pour eux aussi. Ils sont déjà partis. Ses yeux se posent de nouveau sur la petite lumière, qui danse, qui l'appelle. Elle tremble. Tremble de cette nouvelle opportunité. Découvrir son passé. Ou profiter de l'occasion pour partir ? Non. Elle ne peut pas abandonner petite sœur. Et elle a besoin de Novembre pour ouvrir la portière.

Elle a besoin de Novembre. Et cette idée la dégoute désormais. Pourquoi a-t-elle besoin de celui qui l'a rejetée ? Pourquoi doit-elle s'infliger ça ? Et de nouveau, les images dansent devant ses yeux. Leur dernier baiser. Le parking, encore et encore. Ses souvenirs, ceux qu'elle a déjà récupéré. Le cadavre, dans le dernier, et sa nausée. Et puis ce mystérieux garçon, qui semblait tellement tenir à elle. La Ville, elle le sait, ne lui accordera rien. Pas un seul moment de répit. Mais elle a déjà tellement perdu au cours des dernières minutes. Un peu plus ou un peu moins, quelle importance, pauvre idiote ?

Et, alors que les larmes se remettent à ruisseler sur ses joues, elle referme ses deux mains sur son souvenir.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 22:16

La mémoire leur revient rapidement. Brave petits jouets. Continuez à L'amuser comme ça...

Pâques:

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Novembre:


Hécate:

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 23:10

Lorsque Pâques revient à elle, elle est allongée sur la margelle de la fontaine. Elle ne se souvient pas être sortie de l'eau. Ses yeux avisent Novembre, près d'elle, le regard dans le vague. Lui aussi il a dû toucher un souvenir. Est-ce lui qui l'a sortie de la fontaine ? Pour pas qu'elle risque de se noyer ? Décidément, il n'a jamais été aussi gentil...

Pâques repense à son souvenir. Il lui semble encore sentir la pluie fine qui s'infiltre sous ses vêtements et le battement de la besace qui pend contre ses hanches. Est-ce que l'eau de la flaque avait abîmé la marchandise ? Mais pourquoi tu penses à ça gamine ? Oui, elle s'en fout. Elle repense plutôt aux lacets multicolores, au sourire et aux yeux marrons de la jeune fille. Elle a l'air terriblement gentille. Pâques aimerait bien savoir qui c'est. Parce que c'est le premier rayon de soleil dans ses souvenirs. Est-elle ici ?

La jeune fille se relève doucement et avise la brunette un peu plus loin, elle aussi perdue dans un souvenir. Novembre ne l'a pas rejoint. Pâques se sent mal en pensant qu'il a fait plus attention à elle qu'à celle qu'il aime... Elle se sent coupable. Et si son souvenir est triste hein ? Elle risque de vouloir partir alors que Novembre a besoin d'elle, même s'il refuse de lui montrer. Et elle aussi elle a besoin de lui, Manaphy l'a senti dans sa voix vibrante de colère tout à l'heure.

Elle se rapproche de la jeune fille qui est assise sur le sol de pierre. Elle s'assoit dans son dos et la prend dans ses bras, la berce doucement, prête à l'accueillir à son réveil. Elle prendra soin d'elle à la place de Novembre s'il n'en est pas capable...

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mar - 23:35

Malaise. Gros malaise, énorme malaise. Malaise qui le fit tanguer. La tête lui tournait, méchamment. Il se sentait mal. Mal. Mal comme jamais auparavant. Ou peut-être mal comme dans cet avant qu'il aurait préféré ignorer. Il vacilla jusqu'à venir heurter le capot de la voiture, sursauta à son contact froid et dur, tourna brusquement la tête. Merde, mais qu'est-ce qu'il avait fait ? Il n'arrivait plus à savoir où il était. Devant la fontaine, avec Pâques et Hécate, et la blonde dans la voiture ? Dans cette pièce décrépie, avec cette sale gosse sur qui il aurait aimé passer ses nerfs ? De l'alcool, ouais. Ça lui changerait peut-être les idées.

Il était prêt à boire le désinfectant périmé, si ça pouvait lui faire oublier toute cette merde. Parce que le monde était moche. Et c'était rien de le dire. Son monde était noir. Noir de haine et de conneries. Noir d'erreurs, de regrets, d'emportement. Noir de la crasse de cette putain de Ville. C'en devenait écœurant. Un tremblement agita son corps tandis que son esprit reprenait sensiblement conscience du et du comment. La fontaine. La voiture. Hécate.

Il se sentait étouffer. Paniquer. Perdre le sens de ce qui était présent et passé. C'est bon, c'est passé. C'est passé putain. C'est passé. Tu laisses le passé tranquille, maintenant. T'es pas mort, ok ? T'es toujours là. T'es pas un héros, mais t'es toujours là. Putain. C'est pour une autre fois, le service de l'intrigue. Sale gosse de merde. Putain. J'suis vivant. Et l'autre sans doute pas. Putain de connerie.

Il passa une main tremblante sur son visage pour essayer d'en chasser toutes les incertitudes, en vain. Mais ouvre les yeux, mec, t'es à Nulle-Part, reste pas planté là ! BOUGE, MERDE ! Ouais, c'était ça. Tellement facile, de penser ça. Sa main vint s'abattre sur le capot. Se crispa sur la tôle fragile. Arrête de trembler comme une mauviette, bordel. ARRÊTE. C'est PASSÉ. Regard précipité à la portière côté conducteur. Une voiture. Voulait-il encore monter dans une voiture ? Ce qu'il voulait, avait-ce encore de l'importance ?

Ses yeux descendirent jusqu'à Pâques qui câlinait Hécate. Elle n'avait pas besoin de lui, sa demoiselle grenouille. Et il ne la méritait pas. Tout simplement. Elle n'avait rien à faire avec lui. Et elle avait raison. C'était son monde, son univers, et ses putains de problèmes. Et la mêler à ça, c'était l'envoyer à la mort.

« Faut qu'on bouge » lâcha-t-il dans un souffle, d'une voix rauque et où perçait un brin de panique. « Ouvre-toi, s'te plaît. Pour Hécate, pour Pâques, pour qui tu veux mais ouvre-toi, bordel. »

C'était presque une supplique.

Il avait tapoté le toit du véhicule en disant ça. C'était étrange, de parler à une vieille carcasse, comme ça. Mais quoi de plus normal, après avoir descendu un gars ?

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Mar - 0:18

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
Et laid bonheur ?

Souvenir. Encore. Encore. La Ville ne fait pas de cadeau. Encore. Toujours. Ce n'est pas étonnant, ma belle, tu l'as voulu, tu te rappelle ? Alors, tu regrettes ? Il faut savoir ce que tu veux, dans la vie. Tout ça c'est de ta faute. Tout ça et le reste. La Ville ne fait jamais de cadeau.

Le retour à la réalité est un contraste. Contraste saisissant entre le froid qui mord son cœur et les bras chauds qui l'entourent. Les larmes continuent de dévaler la pente de ses jouent, s'écrasent sur le sol en petites gouttes. Souvenir salé. Ce n'est pas le premier. Elle sait les gérer, les souvenirs salés, non ? Comment est-ce qu'elle a fait, la dernière fois, déjà ? Ah oui. Le sweet de Novembre. Les larmes redoublent. Les épaules secouées par des sanglots irréguliers, elle a l'impression d'être là sans vraiment l'être. Encore une fois.

Elle est encore là-bas, dans les bras de cet homme si familier, en train de le frapper. De le sermonner. De désespérer. Alors je suis si faible ? Je remets toujours la faute sur les autres, comme ça ? Je me repose toujours sur les autres, comme ça ? Elle se dégoute. Oui, voilà, elle se dégoute. Elle se sent mal. Combien de pertes a-t-elle essuyé de façon aussi faible et aussi nulle ? Rend moi mon petit frère. Petit frère. Elle a un petit frère. Où est-il ? Est-ce qu'il est là, à Nulle Part ? Non, impossible. Elle ne veut pas. Refuse l'idée qu'il ai à traverser tout ça. La Ville. Et les souvenirs. J'ai un petit frère. L'idée se grave dans sa tête, dans tout son être.

Le présent se précise, enfin, petit à petit. Les bras chauds qui l'entourent. Qui la bercent. Se veulent rassurants. Il n'y a plus rien de rassurant. Il n'y a plus que du vide, dans son cœur. Un vide qui semble ne jamais pouvoir être comblé. Un vide tellement douloureux. Tellement... vide. Elle se dégoute. Tellement faible.

« Faut qu'on bouge. Ouvre-toi, s'te plaît. Pour Hécate, pour Pâques, pour qui tu veux mais ouvre-toi, bordel. »

Son instinct prend le relai. Parce qu'elle ne peut plus. Là tout de suite, ce n'est plus possible. Elle repousse rudement les bras de Pâques, car c'est bien la jeune fille qui la serrait ainsi contre elle. Peu importe si celle-ci se fait mal. Pas de remord. Que la douleur. Recule précipitamment, s'éloigne. De Lui, d'Elle, de ce tacot. De petite sœur, aussi, et son cœur s'égratigne de nouveau à cette pensée. Si elle a encore un cœur.

- Non. NON ! J'en ai marre de bouger, marre de courir, marre de te courir après Novembre, j'en peux plus, arrête, arrête d'être gentil, arrête de m'accompagner, arrête de me jeter ! Arrête tout ça ! Je vais devenir une grenouille, tu piges ça ?! Et cette Ville de merde, avec ses souvenirs de merde, j'en peux plus ! Et ne me dis pas "moi aussi mon souvenir était merdique", parce que oui, oui, tous nos souvenirs sont merdiques ! Mais cette fois c'est trop !J'en peux plus ! Plus du tout ! J'en peux plus de te suivre, de te voir faire tellement attention à une voiture, de m'inquiéter de savoir où tu es !


Elle tremble, encore, encore. Enfouie ses mains dans la poche du sweet. Le sweet. Elle sors ses mains, retire le vêtement, lui jette à la figure de toutes ses forces.

- J'EN PEUX PLUS D'AVOIR BESOIN DE TOI COMME ÇA ALORS QUE TU N'AS PAS BESOIN DE MOI ! D'AVOIR MAL QUAND T'ES PAS LÀ, D'AVOIR MAL QUAND TU ME JETTE, ET DE TE VOIR TOURNER LE DOS COMME ÇA ! J'EN PEUX PLUS DE PENSER AUTANT A TOI !


Elle serre les poings plus fort. Les larmes continuent de déborder, éclats d'une amère tristesse :

- J'en peux plus Novembre... Alors pars si c'est ce que tu veux, d'accord ? Laisse Lady Frog dans son aquarium...

Elle tourne déjà le dos à tout ça. Et son coeur est désespérément vide.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Mar - 1:15

Novembre revient à lui. Jamais il n'a eu l'air aussi mal. Pâques sent son coeur se serrer violemment. Elle n'a pas les bras assez grand pour deux personnes... Il vacille jusqu'à la voiture et semble se battre contre lui même. Elle doit faire quelque chose. Elle ne peut pas l'abandonner.

« Faut qu'on bouge. Ouvre-toi, s'te plaît. Pour Hécate, pour Pâques, pour qui tu veux mais ouvre-toi, bordel. »

Sa voix est suppliante. Non, pas ça... Il ne peut pas se laisser abattre par son passé, il n'a pas le droit ! Réagis putain, t'es pas faible comme ça ! Elle a envie de le secouer mais n'ose pas lâcher la brune. Brune qui revient à elle et laisse échapper des larmes qui coulent le long de ses joues. Pâques ne peut pas gérer autant de tristesse... Et la blonde qui est blessée dans la voiture...

Soudain, la jeune fille la rejette violemment, à tel point que Pâques heurte le sol une nouvelle fois. Sa tête semble se fracasser sur les pavés. Maudite fontaine... Sa blessure se ravive et lui tire des larmes de douleur tandis que le monde tourne autour d'elle. Tourne, tourne, tourne...

Marre de te courir après Novembre... Arrête tout ça ! Cette Ville de merde, avec ses souvenirs de merde, j'en peux plus ! J'en peux plus !

Les mots résonnent dans l'air, elle ne les perçoit pas tous... Un sweat vole en direction de Novembre...

J'EN PEUX PLUS D'AVOIR BESOIN DE TOI COMME ÇA ALORS QUE TU N'AS PAS BESOIN DE MOI ! D'AVOIR MAL QUAND T'ES PAS LÀ, D'AVOIR MAL QUAND TU ME JETTE, ET DE TE VOIR TOURNER LE DOS COMME ÇA ! J'EN PEUX PLUS DE PENSER AUTANT A TOI !

Mais si il a besoin de toi... Tellement besoin de toi... Le sang recommence à couler le long des tempes de Manaphy et sa vision se brouille. Elle doit faire vite, elle sait qu'elle va lâcher. Déjà, elle commence à perdre conscience... C'est sans doute ce qui lui donne la force de se rebeller. Elle se lève, titubante, et va aggriper le T-shirt de Novembre :

"Mais tu vas réagir putain de merde ? Tu vas devenir un homme un jour ? Ou tu vas te laisser bouffer par tes putains de souvenirs ? Te laisser effrayer par tes sentiments ? Tu l'aimes non ? Alors DIS LUI ! Va la prendre dans tes bras crétin ! T'as besoin d'elle comme elle a besoin de toi ! Alors rachète tes conneries du passé ici ! C'est ta chance ! Arrête de faire ton coeur de pierre ou tu vas la PERDRE ! Tu veux faire quoi la laisser partir et que les ronces te la ramène en pièces détachées ?! Son corps ensanglanté que t'auras pas su protéger, que t'auras pas su chérir ?! "

Elle aurait tellement voulu en dire plus. Le convaincre. Le pousser vers elle. Quitte à en prendre une. Mais elle ne peut plus articuler un mot. Et elle s'évanouit, encore une fois. Contre le capot de la voiture. Le sang coulant toujours dans ses cheveux bleus... Sa dernière pensée s'envole pour LSD...


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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Mar - 3:24

Les mots claquèrent dans le silence. Incisifs. Désespérés. Comme autant de lames tranchantes qui venaient écorcher son cœur. S'y replanter. Remuer dans la plaie. Lécher goulûment le sang impur. Le sweat vola. Aucun réflexe. Aucune pensée. Juste le tissu noir qui lui fouetta le visage et retomba dans ses mains. Il le saisit à peine. Absent. Alors il comptait quand même un petit peu ? Il y avait finalement une petite place pour lui dans le cœur d'Hécate ?

Et Pâques, à demi assommée, qui se relevait. La gamine naïve en train de mourir doucement sur les dalles de la fontaine qui lui agrippait le tee-shirt pour le sermonner. Encore. Et cette fois-ci, avait-il le droit de répondre ? De l'envoyer valdinguer ? De se rebeller ? Elle n'était pas son supérieur. Il avait tous les droits. Mais tous ses droits s'envolèrent devant sa tirade.

Il tressauta. Réagir. Être un homme. Les souvenirs. Ses sentiments. Lui dire. Tout allait trop vite pour lui. Le sens lui échappait. Se racheter. Chance. La perdre. C'était pas déjà fait ? Ne l'avait-il pas perdue à l'instant même où il l'avait retrouvée ? Les ronces. Putain les ronces. Elles étaient devenues son cauchemar. Non. Pas les ronces. Pas pour Hécate. Tout mais pas ça.

Pâques s'effondra à côté de lui, sans qu'il esquisse un seul geste pour la rattraper. Sur le capot. Comme ça. Il entendit juste le bruit mat de sa tête contre la tôle usée de la voiture. Il ne savait pas s'il devait se soucier d'elle ou pas. S'il devait se retourner pour vérifier qu'elle n'agonisait pas sur la carcasse rouillée. S'il devait arrêter de fixer Hécate avec cet air désespéré qui lui faisait perdre toute crédibilité. Ou si simplement, il devait arrêter de réfléchir, arrêter de savoir, arrêter de ressentir, et essayer de dire.

Oui. Mais la dernière fois, il l'avait regretté. Il ne voulait plus regretter. Trop de choses, qu'il avait regrettées. Regrettait-il ? Pas tout. Et pour ces choses qu'il ne regrettait pas, que pouvait-il encore endurer ? Le sweat tomba finalement par terre. Il n'avait que faire de ce sweat. Elle était malheureuse. Elle allait mal et c'était de sa faute. Encore. Toujours. À jamais. Pour une fois, il le voyait. Le voyait dans ses gestes, l'entendait dans sa voix. Sa voix éteinte, disparue. Elle lui tournait le dos. Résolument.

« J'croyais que tu voulais pas de moi. »

Sa voix était rauque, mal assurée. Bien loin de celle du Novembre qu'il s'était cru être. Où était passé le type qui descendait des flics sans réfléchir ? Loin. Très loin. Reste loin, toi. Et reviens pas. Elle lui tournait le dos. Encore. Toujours. À jamais ? Il la vit s'éloigner, s'en aller loin, loin, toujours plus loin. Dériver seule, dans la Ville, et se changer en une immonde petite grenouille visqueuse. Aller patauger dans la piscine avec les autres batraciens. Avant de se faire déchirer par la Ville, par les Ronces, par les Loups. Avant que le sang immonde ne perce sa peau verdâtre pour venir éclabousser le sol avec chagrin. Sursaut. Il réalisait. Non. Non, ce n'était pas la fin qu'il voulait pour sa belle. C'était une fin pathétique et abjecte. C'était la fin qu'il mériterait, pour lui avoir fait tant de mal.

Pâques, la blonde sans nom, elles comptaient un peu. Un peu parce qu'elle comptait pour Hécate, et elle comptait pour lui. Un peu. À force, on s'attache à ces petites choses qu'on appelle gamines. Mais elles ne comptaient plus devant Hécate. Elles étaient un million de fois trop petites. Ternes, ténues. Effacées à ses yeux. Parce que oui, Novembre était faible. Oui, il avait besoin d'elle. Besoin. Il aurait voulu éradiquer ce mot, pour en détruire le concept. Piétiner cette dépendance pour retrouver sa fierté. Mais la seule chose qu'il piétina, ce fut son sweat, lorsqu'il s'avança vers la brune.

Oui, il avait besoin d'elle. Et elle, voulait-elle encore de lui ? Toujours ? À jamais ? Après tout ce qu'il avait fait pour qu'elle s'en aille ? Pour arrêter de penser à elle ? Pour arrêter de s'en vouloir ? Pour arrêter de regretter ? Pour arrêter d'aimer ?

Il ne la méritait pas. Mais il était faible.

Alors il prendrait même ce à quoi il n'avait pas droit. S'y accrocherait de toutes ses forces. Parce que l'interdit l'appelait. Cruellement.

Il passa ses bras autour de sa taille, appuya son menton contre sa tête. Il était faible. Faible. Faible et pathétique. Il était à ses pieds, et c'était bien fait pour sa gueule. Adieu, liberté. Bon vent.

« Hécate, j'veux pas qu'on s'engueule. J'veux pas que tu sois triste. Je sais que c'est de ma faute. »

Pitoyable. T'es pitoyable, Nov'. Vraiment. Même la gamine a plus de niaque que toi. Plus de cran. Toi, t'es vraiment une merde, à côté. Mais dis-lui. Dis-lui, un jour, ce que tu penses ! Haha. Si ce n'étaient que les pensées. Parce qu'il y avait aussi les sentiments. Une foule de sentiments, qui revenaient l'assaillir à chaque instant. Surtout maintenant qu'il sentait ce contact chaud et agréable sur sa peau.

« C'est pas de la pitié. »

Moi aussi, j'ai besoin de toi. Me laisse pas. T'en va pas. Reste. S'il te plaît. Pars pas. Comment j'suis censé te dire ça, moi ? Tu veux pas le comprendre toute seule ? Tu peux pas... Je sais pas, le deviner ? Ça se devine, quand même, non ? Dire. Le dire. Lui dire. Allez putain, tu peux le faire. C'est pas la mort, non plus.

« J'veux pas que tu t'en ailles. J'veux pas que tu te transformes en grenouille. On s'connaît mal, et j'crois qu'avant on s'aimait pas. Mais c'est ici, alors je m'en fous. Ça compte pas. »

Je t'aime Hécate. Je crois.


Dernière édition par Novembre le Sam 2 Mar - 14:47, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Mar - 13:50

Le tacot n'était qu'une voiture. Même si elle pouvait comprendre le maître et ses amis, elle ne comprenait pas non plus tout ce qui se passait. Un esprit... Limité ? Le véhicule ne comprenait plus rien. L'effrontée allait entrer dans la voiture avec la jolie demoiselle, mais une autre état arrivée et l'effrontée était partie mais le maître était finalement arrivé - ce qui ne manqua pas de réjouir le vieux tacot - mais les choses semblaient s'envenimer et cela finissait pas des éclats de voix à n'en plus finir.

Il était agacé. Plus personne ne faisait attention à lui, alors qu'il avait pris la peine de venir chercher l'effrontée. Il allait même la laisser monter. Mais non, à la place les amis du maître et le maître se hurlaient les un sur les autres et semblaient complètement oublier qu'ils étaient en territoire hostile et qu'ils avaient à leur disposition un superbe véhicule surpuissant. Un tacot comme lui n'a pas de système nerveux, mais ça ne l'empêchait pas d'être sur les nerfs. Et voilà que le maître se mettait à câliner l'effrontée. C'en était trop. Pris d'un excès de colère, le tacot se mit à colère et heurta - doucement bien sûr - le couple pour signifier sa présence. Ah mais, ne devait-il pas plutôt soutenir le maître dans ce genre de situation ? Même si c'est l'effrontée, le maître est libre de choisir. Il devait faire confiance au maître !

Deux coups de klaxons résonnèrent dans la rue comme des encouragements et l'autoradio se mit à grésiller d'une façon horrible. Les stations s’enchaînaient dans un brouhaha de sons inaudibles. Mais si l'on tendait bien l'oreille, on pouvait parfois reconnaître quelques notes de violon.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Mar - 17:00

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h
"J'ai connu la douleur avant d'être consolé" ♫

Un pas. Un pas après l'autre. Un pas en avant, trois pas en arrière. C'est ça depuis le début. Reculer plus qu'on avance. Où est-ce que je vais, là ? A la recherche d'un aquarium ? D'un antidote ? Elle n'en a même plus envie. Elle se sent vide. Un trou à la place du cœur. Elle songe un instant au cadavre dans le parking. Est-ce que mourir est douloureux ? Peut-être pas aussi douloureux que tout ça. Pas aussi douloureux que ces souvenirs, ces disputes, ces rejets. Et si elle retournait à la piscine ? Qu'elle se jetait dans le bassin ? Et qu'elle décidait de ne pas remonter ? Car rien ne passe, même au bout d'un moment. Tout finit par refaire surface. Le temps qui passe ne sert à rien. Autant arrêter le temps...

Les cris de Pâques vrillent ses oreilles. Elle a envie de lui dire de se taire. Que tout ça ne sert à rien, juste à rien. Que tout est vain. Inutile. Elle venait de vider totalement son cœur, là, devant cette fontaine. Elle avait répandu ses larmes. Beaucoup trop de larmes. Comme si sa réserve de larmes était infinie. N'importe quoi. Elle n'avait plus envie de pleurer. Plus envie de marcher. Plus envie de se battre. Plus envie de vivre, tout bêtement. Elle ne voyait pas d'issue à cette ville.

Il lui fallait se faire à l'idée. Sans Novembre, plus rien n'avait de gout. Plus rien n'avait d'intérêt. Tout était fade, ennuyeux. Est-ce qu'elle était amoureuse ? Peut-être. Était, alors. Parce que là, elle n'était plus rien. Même plus triste. Elle était vide.

« J'croyais que tu voulais pas de moi. »

Coup de tonnerre dans le silence, dans sa tête, dans son cœur. Qui ne veut pas de l'autre, hein, dit moi ? Qui m'a appelée Lady Frog ? Qui m'a dit "bye bye" ? Qui ne veut pas de l'autre ? Elle a de nouveau envie de rire, de ce rire nerveux, ce rire fou, qui emporte avec lui les dernières bribes de sa conscience. Elle a envie de se noyer dans la piscine, de retourner dans son souvenir. De ne plus être là. De ne plus souffrir. De se remplir, avec quelque chose. N'importe quoi.

Elle entend ses pas, sur les dalles du sol. Ce sont forcément ses pas. Elle a envie de partir en courant. Laisse moi, ne viens pas, ne t'approche pas. Je ne veux pas de ta pitié. Je ne veux plus rien. Elle est trop lasse pour courir. Et Novembre est déjà là. Ses bras l'enlacent, la serrent fort. Si proche. Elle se tend, imperceptiblement.

« Hécate, j'veux pas qu'on s'engueule. J'veux pas que tu sois triste. Je sais que c'est de ma faute. »
Non. Non. Ce n'est la faute de personne. Tais-toi Novembre. Arrête d'être gentil avec moi, arrête, je te l'ai déjà dis. « C'est pas de la pitié. » Et qu'est-ce que c'est d'autre ?

Elle a envie de pleurer. Encore. D'ailleurs, ses larmes ne demandent que ça. Couler. Envahir ses joues. Emporter avec elles son chagrin, sa peine lancinante.

« J'veux pas que tu t'en ailles. J'veux pas que tu te transformes en grenouille. On s'connaît mal, et j'crois qu'avant on s'aimait pas. Mais c'est ici, alors je m'en fous. Ça compte pas. »

Son cœur bat de nouveau dans sa poitrine. Irrégulièrement. Douloureusement. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qu'elle doit comprendre, dans tout ça ? Qu'elle doit rester ? Qu'il tient à elle, au moins un peu ? Qu'il ne la laissera pas ? Même après ? Alors, doucement, elle se relâche, pose ses mains sur les bras qui la serrent. Se laisse aller contre Lui. Et les larmes qui coulent de nouveau sur ses joues ont perdu leur amertume. Elle ne dis rien. Il n'y a rien à dire. Elle profite juste de Novembre, là, avec elle. Elle profite de la vie qui reprend des couleurs, des objectifs qui semblent s'esquisser à nouveau. Elle profite de ce soulagement, qui envahit chaque parcelle d'elle-même.

Le tacot met fin à cette paix. Elle titube lorsqu'il les heurte, se tourne vers la vieille voiture. La musique résonne à fond, les coups de klaxon la fond grimacer. Et puis elle pense à petite sœur, blessée, dans la voiture. Petite sœur, si légère, si fragile. Et Hécate quitte les bras protecteurs à regret mais décidée, s'approche de la portière. A travers la vitre, elle peut voir la forme étendue sur la banquette.

- La voiture. Sois gentille, ok ? Laisse moi la voir, laisse moi voir si elle va bien. Je m'en fiche que tu ne m'aime pas, compris ? Je veux juste la voir.

Elle avise du coin de l’œil la silhouette de Pâques, étendue sur le sol. C'est sa faute, n'est-ce pas ? C'est elle qui l'a jetée sur le sol, après le souvenir. Elle qui l'a blessée un peu plus. Elle parle à Novembre sans quitter Chocolat des yeux.

- Je crois que... tu devrais t'occuper de Pâques, elle va mal. Désolée de l'avoir blessée, alors qu'elle est avec toi...

Et une fois ces étranges excuses prononcées, elle ouvre la portière, se penche sur la blondinette, caresse sa joue.

- Chocolat... petite sœur... dis moi que tu m'entends, je t'en prie...

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeDim 3 Mar - 0:30

In the cold light of the morning.  - Page 2 1550624631 06h-08h


    Sale, elle se sent sale, si sale. Elle a juste envie de se frotter avec du savon, avec le dos d'une éponge, avec ses ongles même. Seulement, Chocolat est encore une poupée semi-sourde et aveugle et elle ne peut pas se récurer. Elle ne peut vraiment pas.
    Alors, la blondine reste prostrée sur le sol, des larmes de frustration et de douleur venant baigner son visage de porcelaine et briller ses yeux remplient d'absinthe. Vaguement, elle repense à cette personne qu'elle connaissait et qu'elle avait rejeté avec autant de violence et la jeune fille se sent encore plus dégoûtante, rien qu'y penser. Il lui avait juste gentiment toucher l'épaule, pour qu'il rentre ensemble. Peut-être était-ce un frère ou même son petit ami ? Et Chocolat le rejetait si violemment. Parce qu'elle était sale. Et elle n'arrivait même pas à se souvenir pourquoi elle l'était, ce n'était qu'une case noire de plus dans sa mémoire vide.

    Brusquement et sans qu'elle puisse le contrôler, un petit cri lui échappa. La voiture avait démarré et elle faisait raisonner une cacophonie épouvantable. La petite blonde était persuadée que ces oreilles devaient saigner. Se recroquevillant un peu plus, Chocolat commence à sangloter. Elle veut retourner chez elle, elle veut s'excuser d'avoir rejeté cette personne. Elle veut se blottir dans des coussins moelleux et le supplier de lui raconter une autre histoire.

    Puis d'un coup, la portière s'ouvre et des bras rassurants la ramènent contre un corps chaud et doux. Grande sœur est revenue la chercher et tout ce que Chocolat arrive à faire s'est accroché en sanglotant et en acquiesçant.
    Oui, oui, je t'entends. Ne me laisse juste plus toute seule.

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MessageSujet: Re: In the cold light of the morning.    In the cold light of the morning.  - Page 2 Icon_minitimeDim 3 Mar - 1:22

Hécate ne répondit rien. Et dans sa tête, il n'y avait plus que le silence, ce vide noir, ce vide pesant, cette sensation de bien et de mal-être mêlés. Le contraste entre le sang et la peau, entre les crimes et l'amour. Oui, il avait les mains sales. Et alors ? Elle, elle ne le savait pas. Pas à ce point là. Et dans ses mains, il y avait elle. C'était suffisant. Savourer l'instant de silence. Savourer le vide de mots. Le calme avant la tempête. Et celui d'après, aussi. Elle finit par poser ses mains sur ses bras. Alors elle l'acceptait ? Elle comprenait ? Peut-être. Sans doute pas entièrement. Il n'en demandait pas tant. Juste une étreinte, juste un silence. Un rien, une pause, dans leur chaos habituel.

Et le Tacot qui grondait, s'avança, les bouscula doucement, vrilla leurs tympans de sa musique enrayée. Klaxons. Comme dans les rues bondées. Grésillement. Comme une radio saturée. Hécate s'écarta finalement, elle parlait de sa petite sœur. C'était fini, la belle vie. Il n'y aurait plus de moments comme au restaurant. Pâques. S'occuper de Pâques. Merde, Pâques ! La brune s'excusa. Ouais, enfin avec moi, c'est un grand mot. Elle m'a juste collé jusqu'ici. Ok, je l'ai plus ou moins forcée à venir, au début. Ok, je l'aurais peut-être pas laissé repartir comme ça toute seule, non plus. Roh et puis merde, elle fait ce qu'elle veut ! Enfin, elle n'avait pas vraiment l'air d'être encore en état de vouloir. Elle glissait du capot, lentement. Elle avait failli finir écrasée par les roues du véhicule. Novembre lança un regard méfiant à la voiture, avant d'attraper la gamine pour la hisser sur le capot. Sa tête avait pris un sacré coup, et sa blessure ne semblait pas s'être arrangée.

La valise. Il retourna sur ses pas pour la récupérer, ouvrit le coffre de la Deux Chevaux, la posa dedans, l'ouvrit et en sortit deux autres bandes velpeau. Une seule subsistait, intacte. Il attrapa une bouteille d'eau à moitié vide, et l'autre qu'il avait entamée au parc d'attraction. Le brun referma la valise, le coffre, le tout sans un regard, et lança l'une des bandes à Hécate :

« Pour ta petite sœur. »

Il déposa la bouteille presque pleine sur le toit, et s'appliqua à verser un bon quart de bouteille dans les cheveux de Pâques en espérant nettoyer un maximum la plaie. Virer les cailloux, la poussière, éviter le risque d'infection. Putain, il allait pas aller bien loin avec de l'eau et des compresses. Il tamponna plus ou moins doucement la blessure pour essayer de la rendre plus propre, sans grand succès. M'enfin c'était tout de même mieux que rien. L'air peu satisfait, il serra un rapide bandage autour de la tête de Miss Blue-Hair et se décida à la transporter à l'arrière du tacot, du côté où la blonde n'occupait pas toute la place.

Il fallait qu'elle dorme, et eux, il fallait qu'ils bougent. Donc : voiture. Il se demanda si la gamine pourrait s'en sortir avec une telle balafre - elle avait du perdre pas mal de sang depuis qu'il l'avait rencontré dans les sous-terrains de la Ville, elle devait être vachement mal en point. Il se sentait con de l'avoir laissée agoniser sur le capot pour aller câliner Hécate. C'était quoi le plus important, déjà ? Survivre ? Avec un tel sens des priorités, il ne ferait pas long feu. En faisant claquer la portière pour la refermer, il se souvint de la potentielle solution. Les granules bleues. Ça a une tronche de médoc. Et ça n'a rien fait à Ombre. C'est une gamine de quoi, quinze ans à tout casser ? Ça peut pas être de la drogue forte. Si ça lui a rien fait, ça nous fera rien, au pire des vertiges. C'est un truc important. Ça peut être notre antidote.

« Au fait, j'avais trouvé ça avant d'aller à la mairie - il sortit le sachet de sa poche et le montra à la brune - Ça marche pas comme drogue. J'pense que c'est plus un médoc spécial ou au mieux des vitamines. C'était dans une boîte scellée. Ça doit forcément être utile ici. Tu veux essayer ? »

Il ne s'attendait pas au remède miracle. Ni pour elle, ni pour lui. Il se sentait peu à peu gagné par un certain fatalisme concernant leur sort - ils allaient subir cette putain de métamorphose jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez d'humanité en eux pour pouvoir encore parler de vie. Tss... Pour c'qu'il en reste. Ouais, c'était vrai. Hécate commençait à péter les plombs, et lui se rendait compte qu'il n'était vraiment pas le mec le plus réglo de la Ville.

Mais ne pas essayer, c'était comme se tirer trois balles dans le pied alors qu'on espérait fuir.

« Après on se casse » lança-t-il en s'installant au volant sans pour autant fermer la portière.

La voiture ne partait pas sans Hécate à côté de lui.


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