Elle vendait de la drogue. Pourquoi pas ?
Le plus intriguant dans ce qu’elle venait de se souvenir était tous ces sentiments qu’elle ressentait. Elle avait une vague idée de la date de ce souvenir, bien qu’elle ne soit pas en mesure de bien la préciser. Qui était cette inconnue qui se faisait tabasser ? Left ? Impossible, elle serait accourue à son secours sans même se poser de question. Tant de questions se bousculaient dans sa tête !

Le son de la porte qui se referme brusquement derrière elle la ramena à la réalité dans un sursaut. Avec synchronisation, Left et elle se retournèrent pour fixer la porte. Venait-elle de se refermer toute seule ? Alors que sa sœur jumelle frappa poliment à la porte pourqu’on lui ouvre, Right secoua vigoureusement la tête pour se remettre les idées en place et tenter de penser à autre chose. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle remarqua que Left avait apporté ses affaires avec elle. La brunette posa donc son chapeau sur sa tête et passa son bras sous la ganse de sa sacoche pour l’accrocher à son épaule droite. Elle prit ensuite une grande inspiration puis frappa trois grand coups à l’aide de son poing gauche sur la porte de la cabine en hurlant afin d’essayer de couvrir le raffut qu’il y avait à l’intérieur de ladite pièce.

HEY ! FAITES PAS N’IMPORTE QUOI LÀ-DEDANS !!

Tiens ? Mais qu’est-ce qu’elle avait là, sur sa main gauche ? Une tache de naissance. Ouf. Sur le coup elle avait cru voir une affreuse bestiole style sangsue ou autre horreur. Instinctivement, la brunette examina la main droite de sa sœur. Amusant ! Elle aussi avait la même tache de naissance !

Le silence soudain fit presque peur aux deux filles. Avant de pouvoir penser à quoi que ce soit, la porte se déverrouilla, aussitôt ouverte. La pièce était à nouveau vide. Les jumelles bondirent littéralement à l’intérieur de celle-ci, comme pour mieux affronter la réalité. Ah non ! C’était une blague ! Ça ne pouvait pas être autre chose ! Right ne prit même pas la peine de chercher, c’était peine perdue. Était-ce de la folie ? C’était incroyable. Que venait-il de se passer ? C’était sûrement une blague, oui. Un stupide jeu.

C’est bon, ça a assez duré ! Montrez-vous, c’est chiant ce petit jeu ! Où vous cachez vous ?

Right serra plus fort la main de sa sœur.

- C’est bon, ça a assez duré ! Montrez-vous, c’est chiant ce petit jeu ! Où vous cachez vous ?

Elle était bien d’accord. Où étaient-ils partis ? Peut-être que le grand méchant avait kidnappé le petit et qu’il s’était enfuit d’une manière ou d’une autre, après avoir posé une bombe quelque part pour faire exploser le train entier ? Et pourquoi n’arrivait-elle pas à se souvenir de sa vie ? Mais surtout, la luciole n’était pas une luciole. Lorsqu’elle l’avait touchée, elle avait vu quelque chose et honnêtement, elle préférait ne pas y penser... N’empêche, depuis qu’elle avait touché à cette... lumière, elle avait un léger mal de crâne énervant. Mais bon, ce n’était pas ça l’important. Ce qui importait maintenant, c’était le moment présent et donc, le fait que son cœur battait très fort à cause de la peur. La jeune fille serra elle aussi la main de sa sœur, du plus fort qu’elle le pouvait. Elle lui demanda presque en murmurant, toute apeurée :

- Tu... Tu crois qu’ils ont disparu ? Je veux dire... Pour de bon ?

Right refit cinq fois le tour de la petite pièce sans jamais lâcher la main de sa sœur. Après s’être convaincue que la cabine était bel et bien vide, que le sauvage et le maigrichon avaient tous les deux disparus, un grand frisson de terreur dans tout son dos lui glaça le sang. Elle figea un instant, gardant un silence pesant. Docile, sa sœur jumelle attendit, nerveuse. Après quelques secondes de réflexion inutile sur des questions sans réponses, un signal d’alarme retentit dans la cervelle de la brunette. Quitter ce train maudit.

 
L’adolescente traîna brusquement sa jumelle hors de la cabine, puis se dirigea vers la sortie d’un pas rapide. Une fois avoir mis les pieds à l’extérieur du train, la marche se transforma en course. Right ne voulais plus voir le moindre petit bout de métal de ce train. Le duo prit la fuite jusqu’à quitter la gare, pour ensuite admirer une ville qui sortait de l’ordinaire. Elle aussi, semblait vide.
 

Une ville fantôme ? Peu importait, Right ne voulais plus y penser. Le paranormal, elle l’avait assez vu pour aujourd’hui. Elle fit s’asseoir sa sœur sur un banc puis fit les cent pas, semblant réfléchir. En réalité, pas la moindre pensée ne traversait son esprit.

En à peine quelques instants, elles avaient quitté ce maudit train. Encore quelques secondes et voilà qu'elle était assise sur un banc. Sa soeur faisait les cents pas en face d'elle, l'air perdue dans ses pensées. Mais de son côté, elle ne pensait qu'à une chose : sa soeur avait oublié ses effets personnels dans leur wagon. Oh non. La jeune fille hésitait à mentionner ce détail, ne voulant pas perturber la réflexion de sa jumelle. Mais ces effets pouvaient peut-être contenir des indices sur leur passé ? Ah, ça la tracassait !

Soudain, une lumière apparut devant son visage. Une petite lueur ronde, comme celle de tout-à-l'heure... Celle qui montrait des souvenirs ! Elle n'allait pas rater une occasion de toucher à cette petite boule de lumière. Sa main s'approcha vite de la ''luciole'' et, comme si c'était un petit être vivant, elle posa délicatement ses doigts dessus. Elle devait absolument en savoir plus...

Un léger coup de vent poussa la brunette à porter machinalement sa main sur son chapeau, comme pour le retenir. Mais quel chapeau ? Celui dont elle était absolument certaine d’avoir sur la tête. Comme elle avait vu sa sœur avec, elle n’avait pas pris la peine de vérifier si le sien était bien là, convaincue de l’avoir. Finalement, c’était son imagination. Elle avait oublié ses affaires dans le train.

Et merde ! Dit-elle en serrant les dents, tournée vers la gare.

Soudain, une autre petite boule de lumière aussitôt surnommée luciole vint se placer devant la jeune fille. Elle se retourna vers sa sœur, inquiète, mais celle-ci tendait déjà la main vers sa propre luciole. Shit ! Retournant son regard vers sa lumière, elle la fixa un moment l’air de dire << j’espère que tu vas nous être utile, petite peste ! >> Puis elle tendit lentement sa main droite vers elle pour l’effleurer.